Aujourd’hui, les conditions politiques et institutionnelles sont, peut-être, réunies pour réexaminer l’affaire Belliraj sous un angle plus professionnel. La volonté — une passion inexpliquée à ce jour — qui a prévalu au début de cette affaire et qui consistait à relier toutes ses composantes d’une manière «mécanique», n’existe probablement plus avec la même intensité. En clair, l’aspect terroriste, l’aspect gangster, l’aspect barbouze et l’aspect politique — celui qui nous intéresse, en premier chef — doivent pouvoir être scindés, isolés les uns des autres, car leur amalgame ne profite nullement à la vérité. C’est la persistance de cet amalgame nuisible à la vérité qui semble avoir favorisé des règlements de comptes politiques ou des guerres de positions entre responsables. Les hommes politiques concernés par cette procédure, et qui sont toujours en détention, doivent pouvoir, dans le cadre d’un Etat de droit, bénéficier de la présomption d’innocence, et son corollaire la liberté provisoire, tant que tous les aspects de ce dossier n’ont pas été mis au net. Si l’objectif de la procédure en cours est de dire le droit et in fine de permettre de rendre justice, il faudrait que son déroulement soit irréprochable. L’affaire Belliraj, qui devait être «un joli coup» au départ, risque de s’avérer extrêmement calamiteuse pour la démocratie marocaine si elle n’est pas gérée avec toute la rigueur requise.