Editorial

Prendre l’avion et mourir…

© D.R

Cent quarante-huit morts partis en fumée. Des gens qui n’ont rien demandé à personne. Ils étaient en vacances de fin d’année en toute confiance. Tout s’est passé d’une manière ordinaire dans ce genre de circonstance, mais ils ont raté le retour. Leur avion s’est écrasé et eux avec. Tout devait se passer normalement, mais le destin en a voulu autrement. Le destin, la belle affaire… L’accident de Charm el Sheikh met tout simplement en colère. Au fur et à mesure que l’enquête avance et que les langues se délient, on apprend que la compagnie privée égyptienne Flash Airlines, propriétaire de l’avion, n’est pas très propre sur elle. L’avion qui s’est écrasé était déjà interdit par les autorités suisses. Pas conforme et pas aux normes. Le même avion, probablement, de la même compagnie, a fait un atterrissage en catastrophe sur un aéroport grec pour cause d’un réacteur en feu. On en apprendra certainement plus dans les jours qui viennent. La version mondialisée de l’Open Sky risque d’être une hécatombe pour les passagers. Les gourous intégristes du libéralisme aérien font passer par pertes et profits la vie de millions de voyageurs à travers le monde. Le marché, qui est un très grand régulateur du transport aérien, n’arrive pas à garantir sérieusement la sécurité des gens dans un secteur pourtant bien encadré. Des avions voyous gérés par des compagnies voyous volent sur nos têtes comme des corbeaux noirs. Entre la menace terroriste et la menace sur notre sécurité que constitue la déréglementation libérale, prendre l’avion est devenu, aujourd’hui, un risque majeur. Si le charter veut dire finalement une sécurité au rabais, un service au rabais, des personnels au rabais et des rebuts d’avions sommairement entretenus, il va falloir tout de suite s’opposer de toutes ses forces à cette nouvelle racaille aérienne néolibérale qui joue avec la vie des personnes. La course vers la rentabilité et vers la sauvegarde de parts de marché des compagnies aériennes traditionnelles, bousculées effectivement par les sociétés de charters «Low cost», font aujourd’hui que les pilotes sont dangereusement pressurisés, les personnels navigants honteusement exploités et les avions gravement hyper-exploités. «Low cost» devient bien évidemment «Low security». Celui qui ne s’adapte pas à cette nouvelle règle indigne ferme ses portes et met dehors ses salariés. Un vrai drame. Je ne sais pas quelle leçon l’on peut tirer de cette affaire chez nous ? Pourtant l’affaire Flash Airlines devrait nous faire descendre du nuage libéral soporifique sur lequel nous nous sommes installés dans ce secteur depuis que nous avons mis en avant le fameux objectif de 10 millions de touristes en 2010. Sinon, avec tout le baratin développé sur le charter comme sauveur du tourisme marocain, on foncera droit vers le crash.

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