L’arrivée des nouvelles sociétés multiservices (SRM) annonce assurément un nouveau virage en matière de gouvernance du service public. La formule préconisée par les pouvoirs publics ne signifie pas forcément la fin du schéma de la gestion déléguée.
Il s’agit plutôt d’une amélioration basée sur, d’une part, l’expérience cumulée depuis plus de 20 ans en la matière et, d’autre part, sur de nouvelles donnes comme l’entrée en service des régions qui doivent progressivement prendre le contrôle des services publics sur leurs territoires, les organiser et les gérer de la manière la plus optimale. Avec des contrats tels que celui de Casablanca, depuis 1996, puis ceux de Rabat, Tanger et Tétouan, l’administration marocaine dispose d’un recul historique qui permet un retour sur expérience intéressant. Bien avant ces contrats, une autre expérience singulière en matière de distribution d’eau et d’électricité, qui se poursuit encore aujourd’hui, en l’occurrence les Régies auto- nomes, constitue elle aussi une base riche en enseignements pour l’élaboration du schéma futur.
Le nouveau concept des sociétés régionales multiservices peut être une réponse intéressante et efficace si le législateur, l’administration centrale et les gestionnaires des territoires mettent le doigt sur les vraies questions de fond. La plus importante, comme le démontrent les expériences passées, que ce soit pour la gestion déléguée ou pour les régies, est celle de la gouvernance. Qui fera quoi ? Qui décidera de quoi ? Ces questions paraissent évidentes et triviales mais quand elles ne sont pas réglées au départ avec la clarté, la solennité et la rigueur nécessaires, c’est le service public qui finit par en pâtir et, in fine, le citoyen…