Editorial

Réforme constitutionnelle

Le fait que SM le Roi ait confié la mise en œuvre des recommandations du rapport de l’IER au CCDH est une nouvelle étape franchie par notre pays dans sa réconciliation avec le passé et dans  sa transition vers la démocratie. Cependant, il n’a pas échappé aux observateurs que les recommandations les plus importantes et les plus significatives de ce rapport relevaient du champ constitutionnel. Que le CCDH hérite d’un projet de réforme de la Constitution sur la base d’un document produit par une instance indépendante indiscutable est un événement assez notable pour que nous le passions sous silence.
Nonobstant les formes légales de la mise en forme de cette réforme. Il faut noter que l’initiative de réforme constitutionnelle a changé de main. Autant par le passé les réformes de la Constitution étaient le produit d’un rapport de force politique, assez frontal, entre l’opposition, notamment de gauche, et le Souverain autant aujourd’hui cette réforme est manifestement le produit d’un consensus entre la société civile et le Roi. Nous ne sommes  décidément plus à la même époque ni, objectivement, dans le même univers institutionnel.  
Pour la dernière réforme, la Koutla avait rédigé un mémo, derrière l’opinion publique puisque celle-ci n’était pas informée du contenu, à l’attention du Souverain et elle l’a négocié patiemment et discrètement jusqu’à l’accord qui a donné lieu à la Constitution de 1996 et, tout de suite après, à une alternance historique.
Aujourd’hui, le changement n’est pas le fait des partis politiques ou de la gauche institutionnelle. Ils semblent avoir perdu la main. Le changement est, à l’initiative du Roi, impulsé par une instance constituée essentiellement d’anciennes victimes de violations des droits l’Homme, d’origine, pour la plupart, de la gauche extrême. Le changement est de taille.
Que signifie alors tout cela ? Cela signifie d’abord que le projet de modernisation et de démocratisation que porte S.M le Roi Mohammed VI pour notre pays a trouvé chez les acteurs les plus crédibles de la société civile des alliés solides. Deuxièmement, la méthodologie choisie par le Souverain pour la mise en œuvre de ce projet de société s’avère non seulement originale et inédite mais surtout pertinente et conforme au tempérament du peuple marocain. Le changement est, certes, effectué dans la continuité, mais cela ne dispense ni de l’évaluation légitime de l’héritage – le rapport du cinquantenaire – ni du droit, également légitime, d’inventaire – le rapport de l’IER -. Si la succession n’est pas une révolution, parfois, elle lui ressemble. Troisièmement, cela signifie aussi que, quand la volonté politique est réelle, le changement et la transformation sociale n’ont pas besoin de la violence de l’Histoire pour se mettre en branle. La conviction et des valeurs partagées suffisent.

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