Réforme générationnelle

Les chiffres sont têtus, dit le dicton. Dans le sillage des dernières interventions du ministre de l’éducation nationale devant les parlementaires, les indicateurs qui rappellent encore la mauvaise performance de notre système scolaire sont inévitablement remontés à la surface. L’abandon scolaire, le niveau de l’apprentissage ou encore le niveau de maîtrise des fondements de la lecture chez les petits écoliers sont autant de plaies ouvertes que l’école marocaine traîne depuis des décennies. Et c’est là justement que résident la motivation et la détermination avec lesquelles le Maroc a entamé la réforme. Mais cette réforme est et sera naturellement de très longue haleine. Les murs, les constructions, l’état des écoles, des classes, des installations et des équipements peuvent être améliorés rapidement grâce aux budgets supplémentaires alloués et surtout mieux dépensés. Les conditions de l’apprentissage et de travail des enseignants aussi. Et les retours peuvent être visibles presque instantanément en l’espace de quelques semaines et mois. En revanche, la refonte des manuels, des contenus des cursus et de la pédagogie ne peut commencer à donner ses premiers véritables signes de résultats que sur la durée. Les spécialistes parlent de générations. Il est scientifiquement irrationnel de s’attendre à de nettes améliorations en l’espace d’une année scolaire. Cela relèverait presque de la malhonnêteté intellectuelle quand ce n’est pas du populisme. Pour autant, il faut continuer à prendre des relevés et évaluer régulièrement, chaque mois et chaque trimestre, pour mesurer ce qui est fait et le rapprocher aux schémas ciblés. Sans jamais perdre de vue les objectifs à long terme et encore moins la foi pour que l’esprit de la réforme ne s’essouffle pas.
Saâd Benmansour