En janvier 2022, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) lançait une plateforme digitale dédiée à l’interaction populaire participative, baptisée à juste titre Ouchariko.
A travers cet outil, l’objectif était évidemment d’ouvrir un espace où tout citoyen peut s’exprimer, apprécier, donner ses avis sur toutes sortes de questions de différentes natures et donc de contribuer activement au changement avec un état d’esprit collectif et constructif. Le concept est très séduisant et s’inscrit parfaitement dans la mouvance actuelle où tout un chacun revendique son droit à la parole et à participer à la vie de société. Une soif d’expression qui se reflète d’ailleurs tous les jours sur la multitude de plateformes digitales et réseaux sociaux où les posts, avis, commentaires, partages, likes, vues se comptent par millions et pas toujours ni forcément pour des contenus constructifs et de qualité.
Mais étrangement, ces dizaines de millions de Marocains accros des réseaux et des forums ne prennent pas la peine de livrer leurs opinions sur des questions les concernant directement quand ils sont invités à le faire. Depuis son lancement en janvier 2022, la plateforme Ouchariko a proposé à la discussion populaire près de 26 questions et thématiques couvrant un très large spectre de la vie quotidienne comme l’emploi, la mendicité, la jeunesse, le télétravail, la santé, l’éducation, les réseaux sociaux…
Résultat des courses : ils ont été à peine 28.200 participants à se manifester pour apporter leur contribution. Pendant ce temps, une petite capsule de deux minutes et d’un niveau de « débilité» inégalable va enflammer les réseaux, émouvoir des millions de suiveurs et de commentateurs tandis que des voix populistes crieront à l’exclusion du débat public. Décidément…