Au lendemain de la dernière livraison du HCP au sujet de la situation économique, de nombreux analystes ont relevé presque à l’unisson un chiffre : l’évolution négative de la dépense de consommation finale des ménages qui, selon les statisticiens nationaux, aurait baissé de 0,7% entre 2021 et 2022.
Pris comme ça, le chiffre peut, en effet, interpeller étant donné que la dépense de consommation des ménages est l’une des principales composantes de ce que les experts de la macroéconomie appellent la demande intérieure, elle-même un des moteurs centraux de la croissance économique. Quand les ménages consomment et s’équipent c’est le meilleur signe que l’économie est en bonne santé.
Or, quelques tableaux et graphes plus loin dans le même document, voilà qu’on apprend, toujours selon les mêmes statisticiens, que les ménages marocains tous réunis ont dépensé en 2022 un volume total de quelque 814 milliards de dirhams contre 751 milliards en 2021. Une opération de calcul basique indique donc qu’en fait le volume dépensé en 2022 est en hausse de 8% par rapport à son niveau en 2021.
Donc le premier constat de baisse qui peut mettre en alerte les analystes n’est qu’une partie de la réalité observée et peut-être pas la plus importante car elle mesure en fait et seulement l’évolution d’une grandeur sur la base des prix d’une année à une autre et non pas en termes de volume réel en dirhams sonnants trébuchants. Bien entendu, l’effet et la portée des chiffres dépendent de comment ils sont enveloppés et présentés. C’est là l’éternelle perversité des statistiques à qui on peut faire dire tout et rien en même temps…