Editorial

Tempérance

Les graves convulsions que continue à vivre Laâyoune, capitale du Sahara marocain, montrent à l’évidence l’incapacité  de la jeune démocratie marocaine à contenir l’activisme séparatiste dans le cadre des exigences de l’Etat de droit et des  nécessités de valeur constitutionnelle qu’impose la défense de notre intégrité territoriale.
Depuis six mois, notre pays semble à la traîne des évènements comme si la défense de sa cause sacrée s’est avérée, sur le terrain, incompatible avec le  processus de démocratisation qui travaille à la fois l’Etat et l’ensemble de la société. Depuis cette date, il semble que nous soyons confrontés à une insuffisance dans la perception et dans la compréhension de ces évènements, et à une difficulté à y réagir d’une manière avisée, ferme et juste.
À cause de ce déficit théorique  ou de cette carence doctrinale, nous avons versé, parfois, dans la légèreté et, souvent, dans l’improvisation en faisant assumer, à la caricature, aux forces de sécurité les conséquences «politiques» des impératifs du maintien de l’ordre. Un inversement de responsabilité qui perturbe le fonctionnement de  la chaîne de l’autorité, qui exacerbe, par un usage intempestif, la force publique en l’exposant, naturellement, à des «bavures»  et qui vide, conséquemment, de son sens le nouveau concept d’autorité.
Nous agissions comme si nous avions perdu une expertise politique -une forme de sérénité ou de sagesse dans la réflexion et dans l’action- qui nous avait permis de gérer, dans un passé récent, ce type de situation avec moins de dégâts et, certainement, plus en adéquation avec les intérêts, notamment, de nos provinces du Sud.
La réactivation par SM le Roi du Conseil Royal consultatif pour les affaires du Sahara est, effectivement, l’expression réelle et sincère d’une volonté de dialogue et de concertation mais dans un respect partagé par tous. Elle est aussi perçue comme une distanciation par rapport à une approche «tout sécuritaire» qui a non seulement montré ses limites mais peut conduire assez rapidement vers une impasse préjudiciable, justement, à la sécurité nationale.       
Par ailleurs, l’apparition de quelques foyers de tensions notables, au-delà du Sahara marocain dont la situation demeure malgré tout spécifique est, probablement, à mettre en rapport avec les limites de cette méthodologie qui semble manifestement privilégier l’envoi de la «cavalerie»  au dialogue, notamment, local. Comme si d’aucuns voulaient gérer les affaires de l’Etat avec le code pénal comme seul viatique. Cela est impossible. Là où, par le passé, on discutait, on temporisait, on dialoguait… bref on gérait d’une manière intelligente, aujourd’hui, sous prétexte de fermeté, on provoque délibérément des ruptures tout en feignant d’ignorer leurs conséquences. On verse dans la surenchère tout en se défaussant de ses responsabilités en cas de problème. Et, finalement, on surexpose l’Etat au lieu de le prémunir, dans le respect de la loi, et le discernement, par une politique publique de prévention et de dialogue.

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