La guerre pour la sélection de la ville qui accueillera les Jeux olympiques en 2012 fait rage. Le seul slogan pour ces jeux pacifiques que l’on entend ces derniers jours est : «Pas de quartier, sus à l’ennemi !». Tous les coups semblent être permis.
Il a suffi d’un baisemain à Nawal El Moutawakel par Jacques Chirac pour que la planète soit secouée, non pas par des convulsions de plaisir, mais par des spasmes de colère.
Un baisemain de Chirac à la présidente de la Commission d’évaluation du Comité international olympique a tout de suite été considéré comme pire que la gestion des HLM des Hauts-de-Seine, les bricolages de la Mairie de Paris et ses largesses douteuses, les micmacs du RPR ou les fameux frais de bouche de la présidence. Un baisemain de Chirac, c’est un emploi fictif. Il faut qu’il y ait instruction judiciaire. Appelez le juge et mettez-moi ce baisemain en examen.
En plus, on connaît bien Jacques Chirac. Pas bégueule pour un sou, un homme politique comme il n’en existe plus en France, qui sait causer à la ménagère, tâter le cul des vaches et se taper la cloche. Ça commence par un baisemain et ça peut rapidement finir par une main aux fesses. «Hein, ma poule, on tapine maintenant à Paris pour le compte du CIO ?».
Un jour, il aurait même proposé, selon des témoins, à Margaret Thatcher ses attributs d’homme sur un plateau. C’est-à-dire, pour ceux qui me trouvent un peu vulgaire ces derniers temps, ses couilles. C’est dans le bouquin de Maurice Szafran sur Chirac.
Quant à Nawal El Moutawakel, elle est louche. Ça fait des années qu’elle court. Elle a couru d’abord pour suer, ensuite pour gagner, après pour une médaille, ensuite pour un morceau de pain, après pour une brioche, après pour la notoriété, ensuite pour son compte, après pour le compte du CIO, et maintenant pour des baisemains. Nawal, fais attention ! Le monde t’observe.
Selon nos amis habituels, de sérieux clients, de la presse espagnole, tu n’aurais dit à Paris que des bêtises. Ils ont réservé à tes déclarations une bronca digne des temps glorieux de Perejil. Déjà qu’ils n’ont aucune confiance dans les Moros, alors, una Mora, c’est le pompon. Una Mora sous influence chiraquienne n’a pas vocation à trancher entre la candidature de Paris et celle de Madrid.
En plus, tes sorties sur les grèves en France, les qualités sportives de Chirac -moi, je ne connaissais que son coup de fourchette- , la qualité du dossier de Paris et l’amour des jeux des Français n’ont pas plu du tout. Mais alors pas du tout.
Enivrée par un baisemain insidieux, alors que dans notre culture, il n’existe pas, c’est beaucoup plus le coup de pied au derrière qui est en vigueur, tu t’es laissée aller. Si tu veux nous rendre service, vote pour Madrid. Cela améliorera mes relations avec Antonio Martin de Beaumont, le patron de l’influent et fécond hebdomadaire virtuel «El Seminal» qui asperge tous les lundis et, en plus, je pourrais de nouveau me faire inviter aux agapes culturelles de la fondation Tres Culturas. Si Mohamed Larbi Messari, un joyeux drille, y met une ambiance d’enfer.
Voter pour Madrid, c’est arranger mes affaires et celles de la nation. C’est obtenir les faveurs du CNI et de Pedro Canales d’un seul coup. Réfléchis bien Nawal, on peut même replanter un drapeau sur l’île aux chèvres sans risquer de voir rejaillir des flots bleus le sous-marin diesel -le seul qui avale la fumée- du Général José Maria Aznar, que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde.