Editorial

Un examen décisif

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Après avoir goûté aux délices de la scission et de la division jusqu’à n’en plus pouvoir, la mouvance populaire lance le processus pour refaire le chemin inverse : celui de l’union. L’accord entre Mohand Laenser et Mahjoubi Ahardane est la meilleure bonne nouvelle politicienne de la saison de chasse électorale qui s’ouvre. Les trublions de la vie politique marocaine semblent vouloir se calmer, conscients de leur poids spécifique collectif sur l’échiquier national. En dehors de l’union ou au moins d’arrangements électoraux précis, ils seraient tous condamnés à l’échec. Ça ils l’ont compris. Ils ont la même base, la même clientèle, le même terreau et pratiquement la même histoire fondatrice. Ils font preuve, sous l’effet de ciseaux du nouveau mode de scrutin, d’une forme de sagesse nouvelle dans le champ politique.
Alors au-delà de la mouvance populaire, qui peut s’inscrire également dans cette même démarche ? La gauche socialiste, nouvelle ou pas, autour de l’USFP ? Les libéraux avec le RNI en tête ou les conservateurs avec comme guide suprême l’Istiqlal ? Le jeu est ouvert. Mais il est évident qu’une articulation de la vie politique nationale sur ces quatre pôles relèverait d’une entreprise de clarification salutaire dans laquelle notre pays trouvera durablement son compte.
Mais la question qui est posée aujourd’hui, non sans intelligence, est de savoir si ces alliances, rapprochements ou accords stratégiques, doivent intervenir avant ou après les résultats des élections que tout le monde veut transparentes, sincères et indiscutables. Deux écoles existent. Pour les uns, des alliances pré-électorales marqueraient le poids réel des formations politiques car ce sont les électeurs qui évalueront a posteriori par leurs votes la validité de ces rapprochements. C’est le choix apparemment fait par la mouvance populaire. Pour les autres, les accords entre des appareils, peu légitimes ou éloignés des bases, sont sans grande signification politique. Les seules alliances qui auraient du sens seraient celles qui interviendraient après les élections, et elles le seraient, compte tenu du poids électoral de chacun en vue de former opportunément une coalition gouvernementale viable. Voilà où nous en sommes.
Les uns et les autres ont raison et inversement ; ce qui ne nous avance pas à grand-chose. Le problème pour les électeurs, échaudés par les expériences du passé et perturbés par la multiplication de l’offre politique sans qu’il y ait une véritable demande et sans qu’il y ait non plus de valeur distinctive en passant d’une formation politique à l’autre, c’est qu’ils ne savent pas qui est qui et qui peut s’allier à qui. Ce jeu ouvert ne favorise ni le choix, ni le débat d’idées, ni l’élaboration d’une carte politique saine. Il ajoute de la confusion là où il y a le doute. Et la suspicion là où il y a déjà la désaffection.
Il est indiscutable que notre pays joue son avenir avec ces élections. De leur déroulement et de leur qualité dépend en grande partie la solution des multiples problèmes posés depuis quarante ans au pays. C’est un vrai examen décisif. Un rendez-vous majeur que les protagonistes du champ politique marocain doivent prendre avec sérieux et responsabilité. Mais cela n’est malheureusement pas encore acquis.

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