Editorial

Un monde étrange

Les associations des droits de l’Homme, sont-elles tenues à une forme de déontologie ? L’exercice de leur métier est-il encadré par des exigences éthiques et morales minimales susceptibles de lui donner une primauté décisive sur l’action politique, surtout quand elle est politicienne ? Ces questions ne méritent-elles pas d’être posées même si elles sont le fait — et pourquoi pas — de journalistes dont globalement la profession n’ a pas toujours été exempte de reproches sur les questions déontologiques. À la lecture de l’excellente interview (à lire dans cette édition d’ALM) de Abdelhamid Amine, le pugnace et rigide secrétaire général sortant de l’AMDH, nous sommes étonnés par la qualité incontestable d’homme politique dont il fait preuve. Pas de n’importe quel homme politique. D’opposition. Mais, pas de n’importe quelle opposition. Radicale. C’est comme si la parole légitime et nécessaire des droits de l’Homme en démocratie — même en construction, comme chez nous — ne peut être portée que par un discours «négationniste» systématique. Nous sommes, selon M. Amine, dans un pays où, dans ce domaine, il ne se passe manifestement rien. Aucune avancée, aucune consolidation, aucun progrès, aucun signe digne ou acte susceptible d’être digne d’intérêt. Rien. Qu’un militant des droits de l’Homme ne concède , par principe, rien dans l’espoir d’obtenir le maximum possible est une posture dont on peut comprendre les ressorts naturels. Encore faut-il que ce «maximum» et ce «possible» soient, ensemble, définis dans une société donnée, à un temps donné. Le règne absolu des droits de l’Homme sacrés dans une démocratie idéale adviendra un jour. Mais là, nous ne sommes plus dans le temps de la politique; nous sommes dans le temps de la religion. Et nous ne sommes plus dans le temps du militantisme, mais dans celui de la prédication. Dans cette religion aux relents intégristes, le pêché originel, c’est la Monarchie. Satan, c’est l’Etat, et ses serviteurs sous toutes les formes déclinables. Dans ce monde étrange, la suspicion s’abat comme une arme tranchante sur la Nation coupable d’avoir enfanté un Etat monstrueux. Avec cette philosophie du rien sidéral, la compassion et la compréhension vont naturellement aux terroristes parce que dans un passé récent, ils ont été victimes des «sécuritaires». Les policiers qui tombent sur le front de la lutte contre le terrorisme, eux, ne méritent ni commisération ni sympathie. C’est vrai, ils sont au service du diable fait régime et de son système démoniaque. Il faut, à la limite, changer la Constitution pour que l’on puisse avoir pitié d’eux. Quant à ceux qui ont fait le choix de participer aux élections — même si ce sont d’anciens camarades de combat — qu’ils soient damnés jusqu’à la fin des temps.

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