Editorial

Un rapport qui glace le sang

© D.R

C’est officiel. Un organisme des Nations Unies, le PNUD, l’a affirmé mardi au Caire. Dans un rapport remis mardi aux 22 représentants de la Ligue arabe, le Programme des Nations Unies pour le développement a été explicite. Désormais, il n’y a plus de doute. Je vous livre l’info sans détour. Les pays arabes ont le niveau de liberté « le plus bas au monde ». Voilà. C’est brutal, mais cela a le mérite d’être net et sans bavure. Libre à vous d’en penser ce que vous voulez.
Cette situation, peu enviable, selon les limiers de New York, est l’un des principaux obstacles au développement. Si on y ajoute « le manque d’émancipation de la femme, ainsi que l’analphabétisme et les déficiences du système éducatif», la boucle est bouclée. La mesure des « différents aspects du processus politique, des libertés civiles, des droits politiques et de l’indépendance des médias indique également que la région arabe vient en dernier, derrière toutes les autres régions du monde ».
Le palmarès à l’évidence, est peu glorieux et n’incite ni à un nationalisme nassérien ombrageux, ni à un kaddafisme enthousiaste, ni, encore moins, à un boumédiénisme tiers-mondiste de bon aloi. Rien de tout cela n’est possible. Il faut encaisser cette information et se taire. Ni Oum Kaltoum, ni Farid El Atrache ne peuvent nous aider dans cette affaire. Même pas une petite chansonnette sur notre passé glorieux, nos épopées éternelles et notre civilisation raffinée andalou-judéo-berbéro-arabo-islamo-afro-benladénienne. Non, pas de chanson. Même pas une petite déclamation inspirée d’un petit poème de l’âge d’or. Macache, car la situation est grave.
Le PNUD ajoute sans faiblir pour ôter toute illusion cachée : « La participation politique dans le monde arabe demeure limitée par rapport à d’autres régions du monde en dépit d’améliorations dans certains pays durant le dernier quart de siècle ». Et il poursuit pour s’attirer la sympathie des salons cossus qui, comme chacun sait, font l’opinion publique: « Les acteurs de la société civile continuent à faire face à des restrictions limitant leur capacité à jouer leur rôle », comme si l’Etat était responsable de la pénurie de glaçons qui sévit dans toutes les bonnes réceptions en fin de soirée quand la discussion un peu beaucoup éthérée achoppe sur les réformes constitutionnelles, la transparence des élections, l’argent sale, le rapport du CIH-CNSS-CNCA, les futurs programmes de MA3, les zodiacs de Nador, le mariage coutumier, la nécessaire urgence de dissoudre l’armée, la DST, la DGED, les deux Chambres du Parlement, le gouvernement dans son ensemble, le ministère de la Pêche hauturière de la poulpe et bien sûr, il ne faut pas l’oublier, la DGSN, les forces auxiliaires, les RG et la protection civile.
L’imprudence irresponsable qui aboutit à un manque grave de glaçons dans une soirée animée de la société civile est mise par le PNUD sur le compte des «restrictions bureaucratiques» destinées à placer les associations civiles «sous le contrôle des autorités publiques ». C’est injuste, car si la bureaucratie voulait organiser cette pénurie attentatoire aux libertés fondamentales, elle aurait agi en amont en interdisant proprement les bacs à glaçons, le montage, l’importation et la vente publique des réfrigérateurs.
Et en aval en imposant lourdement tout usage abusif et frauduleux attesté d’expressions comme : «marginalisation des compétences, processus démocratique, alternance consensuelle, dérive sécuritaire, système makhzénien, dispersion d’un sit-in non autorisé, scrutin de liste au plus fort reste – de toute façon, le plus fort reste toujours -, démocratie locale en milieu rural et péri-urbain, commission d’enquête de la deuxième chambre, 10 millions de touristes à l’horizon 2010».
Avec un dispositif comme ça, le PNUD aurait eu raison, mais ce n’est pas le cas. Vous pouvez donc tirer la conclusion naturelle et évidente qui s’impose. Au Maroc, les glaçons ne font l’objet d’aucune réglementation particulière, d’où d’ailleurs la vitalité de sa démocratie.

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