Editorial

Une alternative à l’alternative

© D.R

Est-ce que vous avez une alternative? Non. Alors, fermez-là ! Voilà, il semblerait qu’il faille nécessairement disposer d’alternative pour avoir quelques chances d’être écouté. C’est une question de crédibilité, nous a-t-on dit. Vous faites bien de critiquer, mais avez-vous une alternative ? Non. « Alors, éloignez-vous de mon chemin, être perfide et sans morale. Que Dieu vous maudisse, vous, et votre descendance sur au moins cinq générations. Qu’il brûle la terre sous vos pieds et qu’il fasse que votre poussière, une fois que vous aurez vous-même goûté aux affres de la crémation, se répande en un désordre absolu dans l’infini intersidéral. Que Dieu vous ôte la langue fourchue qui sert de transport à votre fiel, vous détruise à jamais les rares neurones dont vous disposez, avec lesquelles vous feignez d’animer trompeusement une petite activité intellectuelle et qu’il abrège nos souffrances en mettant fin à vos élucubrations sordides.» Pas d’alternative, pas de salut. Les types sont, non seulement, catégoriques mais remontés très grave. Si quelqu’un, dans notre cher pays, a un poste, c’est que nous n’avons pas pu lui trouver une alternative. Donc, son existence est la preuve de sa propre nécessité. Si quelqu’un pouvait être à sa place, il l’aurait déjà eue, puisqu’on n’aurait eu aucune alternative à ce choix. C’est un truc de fou, mais ça marche pas mal. Nos responsables sont, par conséquent, tous, collectivement et individuellement, à la place qu’ils doivent occuper. En politique, c’est la même chose. Cela fait des années que l’on fait, sans alternative aucune, la meilleure politique possible. Voyez nos performances, elles sont remarquables. Politique, économie, social, culture,etc… On a toujours, sur le moment, fait les choses bien et si ça a tourné au vinaigre, c’est que c’est la faute à personne. De toute façon, on n’a jamais eu le choix de faire autrement parce qu’il n’y avait pas d’alternative à ce que nous faisions. On en a pris pour 40 ans et ça risque de durer encore. Aujourd’hui, on nous dit, encore et avec le même aplomb de toujours, que nous n’avons aucune alternative au gouvernement de Driss Jettou, à sa politique, à ses hommes, à sa respiration, à son génie et à son impérieuse nécessité. Ça, c’est bien vrai. Mais personne ne peut nous empêcher de considérer, au prétexte que nous n’ayons pas – ou du moins pas un mardi – d’alternative à ce truc assez fumeux, qu’au moins 10 ministres, si ce n’est 40, dans ce bric-à-brac laborieusement bricolé qui peuvent sans préjudice aucun pour la bonne marche du pays dégager fissa. Oui, mais pour mettre quoi à la place ? On n’en sait rien et c’est normal. A chacun son job. Ça ne se fait pas de demander à la mouche du coche de réfléchir pour le coche lui-même. N’est-il pas !

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