Editorial

Une carotte et un bâton

Après le plombier polonais qui a mis en émoi les Français lors du référendum sur la Constitution européenne voici venu le temps du médecin roumain au Maroc. Il semblerait que nos toubibs ne veulent pas travailler en dehors des villes où il y a un minimum de confort.
En gros, Casablanca et Rabat. Et qu’ils ne trouvent pas de motivations personnelles et professionnelles particulières à aller s’installer dans les villes petites ou moyennes dans des régions rurales ou décentrées.
La situation est apparemment très fâcheuse, voire grave. La carte médicale marocaine ne pourra dans ces conditions jamais être optimisée avec les médecins nationaux.  Au final les pouvoirs publics ont décidé de faire appel à des médecins étrangers de pays intermédiaires pour combler le déficit. Les gars seraient à la fois disponibles, pas chers et moins «chiants» que les nôtres. Cette affaire présentée comme cela ne souffre d’aucun débat particulier. Tout cela est même logique. Mais si on creuse un peu cette fausse bonne idée elle peut s’avérer être une très mauvaise affaire pour notre pays, pour la médecine marocaine, son enseignement, pour les patients marocains et pour la qualité générale des soins.
On a eu par le passé l’instit égyptien, et aujourd’hui on aura le médecin roumain, tchétchène, bulgare, shmolduc  ou moldave. Peu importe, l’important est que le gars soit ouvrable tous les jours du même nom. Quant au médecin marocain, il aura toute la latitude d’exercer à plein temps son art devant le Parlement les jours où celui-ci est, également, ouvrable.
Il faut être sérieux de part et d’autre et arrêter de jouer à qui perd-perd. Notre pays devrait pouvoir organiser un vrai débat sur la question et ouvrir des négociations sérieuses et constructives avec le corps médical pour trouver une solution à cette situation anormale et ridicule. Si les médecins ne sautent pas avec enthousiasme sur les postes proposés, c’est que ceux-là ne sont pas du tout attractifs et qu’ils ne correspondent pas aux attentes légitimes des patriciens.
Il y a mille manières, si on mobilise les ressources communales, provinciales et régionales, pour rendre séduisant et acceptable un poste dans une région particulière. C’est un truc qui fonctionne selon la théorie de la carotte et du bâton. Or il faut que le bâton soit démocratique, authentique nouvelle ère,  certifié Iso par Human Right Watch ou Amnesty International et que la carotte soit juteuse, conséquente et généreuse , un pur produit Bio, goûteux, sans additif ou engrais honnis.
Sinon, ça va être un problème insoluble. Et ce n’est pas le Conseil de l’ordre qui va être saisi, mais c’est bientôt l’IER qui va s’emparer du dossier. Maintenant, essayez de dire 33 en Roumain. C’est difficile…

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