Editorial

Une partie de la solution

La vocation de la presse n’est pas de dire les bonnes nouvelles. Le fameux train qui arrive à l’heure n’intéresse personne. La presse affirme sa vocation dans la révélation, l’investigation, l’enquête et l’analyse ou le commentaire utile. Quand l’information croise ces genres journalistiques, elle devient un puissant levier de changement social. C’est à cela que la presse devrait servir pour faire avancer les choses, secouer les inerties, améliorer la gouvernance et contribuer aux réformes, surtout dans un pays comme le nôtre.
Que la presse soit conduite à défendre les valeurs d’une société, c’est aussi dans sa vocation naturelle quand ces valeurs sont porteuses de modernité et de démocratie. Les pouvoirs publics qui sont souvent sur la défensive dans les affaires de presse devraient pourtant savoir que sans l’existence d’une presse dynamique et vivante, qui reflète les attentes et les aspirations de l’opinion publique, il ne peut y avoir -sans parler de 4ème pouvoir- ni bonne gouvernance, ni démocratie, ni progrès et encore moins de la prospérité.
Ce que nous constatons, aujourd’hui, c’est que d’aucuns veulent saisir le prétexte de quelques dérapages -dénoncés en leur temps par la profession elle-même- , inhérents à un métier qui se construit, pour se prévaloir d’un ascendant moral sur la presse qui serait en fait une grave régression.
Le problème n’est plus la fausse information ou la rumeur, qui s’autodétruisent d’elles-mêmes et disqualifient éthiquement leurs auteurs. Non, ce qui pose problème aujourd’hui, c’est la vraie information recoupée et vérifiée. On souhaiterait par une espèce d’autocensure, ou par l’invocation d’une connivence supposée, qu’elle ne soit pas publiée. Et là, on ne joue plus. C’est fausser la règle qui a fondé de tout temps la démocratie, quand celle-ci– et elle n’a pas le choix- s’appuie sur une liberté de la presse «sacralisée» par l’État de droit.
Ce ne sont pas là des considérations aussi générales qu’oiseuses sur l’exercice de notre métier, mais des observations sérieuses dictées par le développement récent de l’actualité chez nous. Il nous faut tous faire attention à ne pas se tromper de combat. Les problèmes réels de notre pays, et les défis majeurs auxquels il est appelé, ne passent pas par une stigmatisation systématique de la presse qui serait aussi dangereuse que contreproductive. La presse, dans son ensemble, ne fait pas partie du problème, elle fait partie de la solution.

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