Dans plusieurs secteurs, la légitimité des caméras est claire. Les industries pharmaceutique et aéronautique, les unités de production de minerais et les espaces commerciaux sont de plus en plus gardés. Au Maroc, la généralité de la loi sur les libertés des vies privées laisse, toutefois, la porte ouverte aux abus. «Il n’existe pas de texte ad hoc qui régit la question de surveillance au Maroc. La Constitution protège néanmoins la liberté des personnes. Le Code pénal de 1962 protège, par ailleurs, les vies privées. L’utilisation des caméras de surveillance n’est pas contraire à la loi, dès lors que les cibles qui sont concernées par cette surveillance sont informées», précise, à juste titre, Pr Mohamed Jamal Maatouk.
Un salarié averti pourra facilement se faire entendre en cas d’abus. L’instigateur de l’installation d’un tel équipement devra se résigner à se défaire des caméras au risque d’y perdre des plumes si elles ne sont pas installées dans le respect des vies privées des salariés concernés. A la base, la légitimité d’un tel équipement reposant sur la sécurité des biens et des personnes.
Elle demeure sujette à une réglementation précise même si la loi au Maroc ne réserve pas de texte spécifique à ce chapitre. Les caméras ne pourront pas suivre, par exemple, le personnel dans les toilettes ou les endroits dédiés aux pauses. Généralement, elles sont installées au niveau des entrées et sorties des bâtiments, les issues de secours et les voies de circulation.
Filmer les entrepôts de marchandises exposés aux vols est normal. Maintenant, le droit au respect de la vie privée des salariés est inaliénable.
En France, la législation est claire et le service des plaintes de la Commission nationale de l’informatique et des libertés veille pour protéger les salariés dans ce domaine précisément. Sur le plan législatif, un tel dispositif date de 1978 !
Les établissements sous surveillance doivent d’emblée informer leurs salariés et les panneaux d’information doivent être bien apparents.
Au Maroc, la confusion entre la préservation du patrimoine et l’espionnage du salarié dans son travail existe encore surtout dans la PME où l’employeur vit encore dans une ère révolue. Les exemples sont nombreux.
Mais la loi est là même si elle est générale. Moralité, les salariés devront se faire leur propre avocat s’ils se trouvent dans une situation d’abus à ce niveau. Le législateur devra être saisi sans hésitation.
Billet: Rumeur quand tu nous tiens… La rumeur est ancestrale. En entreprise elle peut détruire toute une politique, tout un état d’esprit. Elle est dangereuse et pernicieuse car elle ne se canalise pas et se faufile dans les dédales de l’entreprise sans crier gare. Pire, elle peut dépasser les murs de la société et se trouver amplifiée. Les effets incroyables des réseaux sociaux s’occupant de l’alimenter et de lui donner une dimension internationale même ! Et c’est pour cette raison que le manager devra toujours être aux aguets pour que l’image de son entreprise ne soit pas entachée. Il est clair que la rumeur est incontrôlable mais le manager qui connaît bien son personnel saura identifier les personnes potentiellement capables de faire circuler une fausse information pour nuire à l’entreprise. Le rappel à l’ordre est tout de même difficile car le manager n’aura pas de preuve pour porter une accusation sauf si un autre salarié vient dénoncer l’auteur de la rumeur. Encore là aussi, l’employeur ne peut pas sanctionner ou faire porter le chapeau à quelqu’un sans preuve car c’est la parole d’un salarié contre un autre… Bref, la rumeur n’est pas maîtrisable. Mais elle a un antidote: la fluidité de l’information. Si le manager intercepte une fausse rumeur, il devra tout de suite réunir les responsables et les éclairer, voire les rassurer selon la gravité de la fausse information colportée. D’une manière générale, l’entreprise qui fait preuve d’un grand sens de l’éthique et des valeurs implique forcément l’adhésion des salariés. Ces derniers, s’ils sont convaincus de la culture d’entreprise, ne pourront pas se prêter à un tel jeu. Le risque est réduit à sa plus petite valeur. Et même si une personne tente le diable, elle se heurtera à un tel état d’esprit que sa rumeur risquera de lui revenir comme un effet boomerang en pleine figure ! Elle se trouvera encore plus affaiblie et avilie sans que personne ne prête attention à son information erronée. A terme, elle sera décrédibilisée. La direction de la porte sera finalement son issue… Au meilleur des cas, si cette personne se remet en question et fait son propre bilan, elle se fera justice elle-même et décidera de réparer ses torts et se concentrer sur les missions qu’on lui a assignées. Moralité quelles que soient les conditions professionnelles, le salarié ne devra pas céder à un acte aussi bas que la rumeur. Et même quand il sait qu’il a injustement été traité par sa hiérarchie, son arme sera son professionnalisme. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera récompensé. |