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Comment «Noor» a jailli sur la région

© D.R

ALM a fait le déplacement à Ouarzazate et rencontré les populations limitrophes

Ouarzazate-familles-populations«Ouarzazate n’est plus la mal-aimée d’antan», c’est ainsi qu’un agent touristique de la place nous a décrit la situation de cette contrée depuis l’arrivée du mégaprojet solaire «Noor». Pour savoir comment la plus grande station solaire au monde a pu profiter à la région, combien d’emplois a-t-elle créés et comment il est possible de l’exploiter dans les circuits touristiques, ALM y a fait le déplacement et a rencontré ses responsables au même titre que les populations limitrophes. Détails.
C’est dans la zone de Tamezghitene, à environ 10 km à l’est-nord-est de la ville d’Ouarzazate que se dresse majestueusement Noor I. Avec ses 160 MW de puissance sur les 500 à terme, cette première tranche de l’immense centrale thermo-solaire a nécessité un investissement avoisinant les sept milliards DH.

A la fin des travaux de construction de Noor II et de Noor III prévue en 2017, ce projet devrait s’étendre sur 3.100 hectares. Ce qui représente à peu près la taille d’une ville comme Rabat. A lire ces chiffres, l’on comprend facilement les raisons pour lesquelles ce projet a fait braquer tous les regards sur le Maroc.
Il serait toutefois inconcevable qu’une station de cette taille ne profite pas à la population qui gravite autour. A part les quelques retombées de l’industrie du cinéma et des circuits touristiques, cette région avait, paraît-il, de plus en plus de mal à centraliser les ressources nécessaires pour répondre à la demande de ses habitants, notamment en matière d’emploi. Aujourd’hui, Acwa Power, le groupe en charge de la construction et de l’exploitation de la station Noor, nous  révèle que les retombées sociales de ce projet sont au-delà de ce qu’on aurait estimé. Sur le site Noor I, nous avons rencontré Khalid Saa.

Textile-OuarzazateEn sa qualité de directeur général de la station, il explique que pour ce projet, le traitement des besoins et demandes d’emploi se fait par le réseau officiel, à savoir l’Anapec.
«Pour Noor I, nous avons recruté 1918 employés dont 800 marocains. 47% d’entre eux sont de la région. Il ne s’agit pas de petits profils uniquement. Ces employés ont des qualifications diverses; directeurs, ingénieurs et techniciens. Ce sera le cas pour Noor II et Noor III», rassure-t-il. D’après l’Anapec, ces profils sont majoritairement de la région de Ouarzazate. L’organisme qui a reçu 320 demandes des habitants de Ghassate précise qu’elles ont été toutes satisfaites. Ceci dit, le rôle d’Acwa Power ne se limite pas à créer des emplois pour la station. Ce groupe se donne l’obligation depuis son installation de mener un travail de terrain pour approcher l’environnement de Noor et, par la même occasion, diagnostiquer la situation des foyers limitrophes et trouver des solutions pour améliorer leur quotidien.
Pour rencontrer cette population cible, il faut s’éloigner d’environ 40 kilomètres de Ouarzazate. Ici, si l’on exclut l’alimentation en eau et en électricité des villages, il est palpable que très peu d’intérêt est accordé à ces habitations. Pourtant, une commune comme celle de Ghassate abrite à elle seule 30 douars, l’équivalent de 1.200 foyers à peu près. Le lourd chantier de «désenclaver» cette zone a été attribué à Inane Bouachik, directeur responsabilité sociétale au sein d’Acwa Power Maroc.  Celui-ci explique qu’à travers un partenariat avec l’OFPPT, des formations métiers ont été offertes aux jeunes de la commune de Ghassate. «Un simple ouvrier non certifié est payé à la station Noor entre 10 à 12 DH l’heure. Grâce à cette qualification, on est passé à 25 voire 30 DH l’heure. Ce qui est significatif pour un jeune habitant ces villages», explique un responsable de la place.

Par «qualification», on entend une formation en métiers de soudage. L’OFPPT introduit, en effet, ces jeunes pendant 5 mois, à raison de 5 jours par semaine et 4h par jour aux différentes techniques liées à ce métier. ALM les a rencontrés dans une unité mobile qui fait office de classe. Ici, «les modules enseignés sur une année ont été réadaptés pour satisfaire un besoin urgent d’insertion», explique le chargé de formation au sein de l’OFPPT.
Tel est le cas de deux jeunes de Ghassate, l’un est licencié tandis que l’autre est technicien spécialisé en soudage. Ce dernier nous justifie son retour au statut étudiant: «On offre une formation en un procédé dont je n’avais jamais entendu parler, cela ne peut que m’ouvrir plus de perspectives sur le marché». Il s’agit d’un procédé de soudage à l’arc avec une électrode non fusible qui, de par sa rareté, est très demandé sur le marché.  «Le gros des actions est axé sur les resultats, ce ne sont pas des formations sans suite. Nous en sommes à notre 3ème session de formation. Les 21 bénéficiaires de la première session ont été en totalité insérés. Certains ont même intégré Noor I pour un contrat de travail de 25 ans à travers la société de maintenance Nomac.  L’Anapec nous a également confirmé l’insertion de 10 jeunes sur 24 pour la deuxième session», se réjouit à juste titre Inane Bouachik.

Femmes et enfants ont  leurs parts du gâteau

Akwa-Power-Colonie-de-VacanceL’intégration et la promotion de la femme rurale grâce aux actions sociales d’Acwa Power sont basées sur l’idée de positionner la commune de Ghassate comme fief de l’artisanat. Cette fois-ci, il se n’agit pas d’unités mobiles. Ces femmes sont transportées de Ghassate à Ouarzazate pour bénéficier d’une formation qualifiante de 4 mois, en couture, broderie, ferronnerie d’art, menuiserie d’aluminium et coupes artisanales. «Le lancement de la première session de formation a eu lieu le 8 mai 2015. La formation s’est déroulée à l’Institut des arts traditionnels d’Ouarzazate au profit de 42 bénéficiaires dont 30 jeunes femmes issues des villages de Ghassate», nous confie la même source. En partenariat avec le ministère de l’économie sociale et solidaire, les bénéficiaires seront soutenues dans la  constitution d’associations féminines et coopératives artisanales leur permettant une autonomie financière et une amélioration de revenus au  sein de leurs foyers.
En plus de la réhabilitation de l’école Oum Roummane, des colonies de vacances ont été organisées pour les enfants de Ghassate. Pour 2015, celles-ci étaient programmées à Agadir. «Nous avons emmené 200 enfants en vacances. Ils n’ont pas toujours eu cette occasion. Cela a fait notre fierté», a déclaré, non sans émotion, le chargé des activités sociales à Acwa Power avant d’ajouter que «ce sont des enfants qui n’avaient jamais vu la mer.  Ils étaient émerveillés. Nous voudrions faire durer ce rêve au maximum». En plus des activités estivales, Acwa Power est financeur exclusif de l’opération Smile Morocco pour Ouarzazate (mission chirurgicale au profit de 1.050 enfants souffrant de malformation de la bouche). Ce groupe a également mis à niveau le centre de santé de Ghassate et a financé l’acquisition d’une ambulance d’urgences adaptée à la nature des routes montagneuses.

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Ghassate, l’oasis rafraîchie
oasis-Ouarzazzate-MarocLa commune de Ghassate a longtemps souffert de la sécheresse. La pluie qui a boudé cette zone pendant 8 ans n’a pas été sans conséquences sur les conditions de vie de ses habitants. Seuls les sourires expressifs des enfants et la générosité frappante de la population résistent à ces dizaines d’habitations de fortune qui nous accueillent.  «Parmi 20 villages, il y avait 5 ou 6 villages qui bénéficiaient de ressources hydriques et où on pouvait concrètement faire de l’agriculture grâce au modèle connu de l’oasis».

Pour ne prendre que l’exemple de Oued Izerki,  le programme d’actions agricoles qui y est  déployé a concerné des travaux de réhabilitation de la palmeraie qui était totalement à l’abandon. Une «restructuration» qui facilitera selon les responsables, toute opération de maintenance (pollinisation, cultures, irrigation) et permettra par la suite  l’amélioration de la productivité des palmiers. La société chargée de cette mission nous apprend que «depuis le lancement des travaux, plus de 14.000 touffes ont été nettoyées et 120 habitants ont été recrutés et formés».

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