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En éliminant les écarts entre l’emploi des femmes et des hommes : Le PIB s’améliorerait de 28% à 38%

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«Au Maroc, l’analyse des composantes de l’utilisation de la main-d’œuvre fait état d’une contribution négative et contraignante de la baisse de l’activité des femmes à la croissance du PIB par habitant».

Le taux de chômage parmi les femmes est encore élevé. Les indicateurs de l’année 2021 confirment ce constat. Sur la moyenne nationale de 12,3%, la proportion du chômage parmi la gent féminine est de 16,8%. S’agissant du taux d’emploi, il s’est redressé de 0,7% parmi les femmes contre un repli de 0,2% pour les hommes. Ces chiffres, à évolution différenciée, n’améliorent en aucun cas la contribution des femmes à la croissance nationale. Les analyses faites dans ce sens visant à évaluer les coûts économiques des inégalités de genre dans le marché du travail au Maroc appuient cette tendance, pour ne revenir qu’à l’étude menée par la DEPF en partenariat avec l’ONU Femmes. Ce diagnostic appréhende, en effet, la contribution de l’apport de la main-d’œuvre féminine à l’évolution du niveau de vie au Maroc. Les conclusions tirées laissent apparaître de grands écarts.

«L’utilisation de la main-d’œuvre (UMO) au Maroc n’a contribué que de manière marginale à l’accroissement du PIB par habitant, alors qu’elle explique une part importante du revenu par habitant des pays avancés», apprend-on à ce propos. Et de poursuivre qu’«au Maroc, l’analyse des composantes de l’utilisation de la main-d’œuvre fait état d’une contribution négative et contraignante de la baisse de l’activité des femmes à la croissance du PIB par habitant. La crise engendrée par la pandémie de Covid-19 a amplifié cet impact, en raison de l’accentuation de la fragilité déjà bien existante de la situation des femmes marocaines sur le marché du travail». Ainsi, une élimination totale des écarts entre l’emploi des femmes et celui des hommes pourrait générer un accroissement potentiel du PIB variant entre 28% et 38%.
En établissant un focus sur le genre, il ressort que le chômage des femmes s’est dégradé de 3,9 points sur la période allant de 2010 à 2019. Il s’est ainsi situé autour de 13,5%, soit à un niveau supérieur que celui des hommes. Compte tenu de cette tendance, l’analyse sur le terrain démontre que l’emploi des femmes a contribué négativement à la croissance du produit intérieur brut par habitant (PIBH), à hauteur de -9,3% entre 2017 et 2019 après -7,5% entre 2014 et 2016, alors que celui des hommes a affiché une contribution en amélioration, avec un gain de 9,6 points de pourcentage, passant de +3,6% entre 2014 et 2016 à 13,2% entre 2017 et 2019.

Il est à noter que cette contribution négative se confirme aussi bien par genre que par âge. «Contrairement aux hommes, l’emploi des femmes, toutes tranches d’âge confondues, a contribué négativement à l’évolution du PIBH, particulièrement parmi les femmes âgées de 25 à 44 ans avec une contribution à hauteur de -5,4% entre 2017-2019 et ce, en raison de l’importance du chômage des jeunes femmes à l’échelle nationale». Et de préciser : «La contribution de l’emploi des hommes demeure positive et en amélioration entre les deux périodes triennales 2014-2016 et 2017-2019 pour l’ensemble des tranches d’âge, exception faite pour la catégorie d’âge 25-44 ans dont la contribution, quoique toujours positive, a accusé un léger ralentissement».
Parmi les constats établis, on relève une contribution positive à la croissance du PIBH de la population féminine de plus de 25 ans. Elle se situe même à un niveau supérieur à celle des hommes de la même catégorie d’age.
Ainsi, les femmes âgées de 25-44 ans et de 45-59 ans contribuent à l’amélioration du niveau de vie respectivement à hauteur de + 6,6% et de +5,5%, tandis que les plus jeunes y contribuent négativement (-10,9%). Ces évolutions restent aussi valables pour la population masculine mais à des degrés moindres (+3,6%, +4,2% et -11%).

Notons que l’analyse établie porte sur une décomposition, moyennant un jeu de ratios comptables, du PIB par habitant (PIBH) en deux effets spécifiques, en l’occurrence l’effet productivité et l’effet utilisation de la main-d’œuvre (UMO).

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