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Entretien avec Amal Hihi, DG de Shine Groupe : «N’est pas coach qui veut !»

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Le métier de coaching ne cesse d’évoluer au Maroc. Avec la pandémie et les changements brutaux opérés dans les entreprises, sa légitimité est davantage renforcée. Cela dit, il s’agira au manager de faire le bon choix car si cette profession a accéléré sa mue, elle s’efforce encore de se professionnaliser et d’opérer une normalisation déontologique. Amal Hihi qui est également directrice Afrique PI CoachPro Executive & Team Coach PCC, ambassadrice ICF Synergie et vice-présidente Wimen, livre les détails d’un métier bien passionnant mais qui requiert des connaissances et des qualités intrinsèques bien identifiées.

ALM : En tant qu’experte coach depuis déjà plusieurs années, quel est votre regard sur l’évaluation de la profession au Maroc?

Amal Hihi : La profession de coaching au Maroc a connu ces dernières années une véritable expansion. Apparue il y a une vingtaine d’années, elle a évolué et s’est plus ou moins structurée. Il y a, cependant, encore du chemin à faire en termes de professionnalisation car comme tout nouveau métier, le coaching est aussi victime de son succès, dans le sens où certains exploitent le secteur sans avoir les certifications requises. Cela dit, un bout de chemin a été fait et la communauté de coachs professionnels travaille pour une normalisation du métier.

Quelles sont exactement les qualifications pour devenir coach ?

Le coaching est un métier à part entière qui requiert l’acquisition de compétences clés pour pouvoir l’exercer selon les normes internationales. Une formation de base solide de 225 heures est nécessaire. Elle devra être, par ailleurs, effectuée dans une école reconnue et accréditée. Un mentorat devra être aussi assuré par des coachs mentors. Vient ensuite la supervision sans oublier la formation continue nécessaire tout au long de la carrière du coach pour se mettre à niveau et acquérir les outils nécessaires d’accompagnement. L’éthique et la déontologie sont un volet très important dans le cursus de formation d’abord et par la suite dans l’exercice du métier. En clair, le coach doit valider son cursus de formation, réussir un examen de certification auprès de l’international coach federation. Il y a 3 niveaux de certification, à savoir le niveau 1 nommé ACC (Associate certification coach), le niveau 2 qui correspond au PCC (Professionnel coach certified) et enfin le niveau 3 qui est le MCC (Master coach certified).

Qu’en est-il des qualités intrinsèques que devrait avoir le coach ?

A mon sens, n’est pas coach qui veut dans le sens qu’une prédisposition à l’accompagnement est un grand atout. L’empathie, l’écoute, l’intérêt réel pour autrui sont des qualités importantes pour faire ses premiers pas dans l’apprentissage ; sans oublier l’humilité.

Existe-t-il une fédération qui régit le métier ? Un code déontologique ?

La fédération la plus importante mondialement est américaine. Il s’agit de l’ICF (International Coach Federation). Elle regroupe plus de 30.000 coachs et est représentée par des chapters dans 160 pays. C’est elle qui régit le métier, définit ses normes, accrédite les programmes de formation et certifie les coachs. L’organisme propose aussi des webinaires de perfectionnement, fait de la recherche développement pour mettre à jour les compétences requises par le métier, sans oublier le code éthique et déontologique auquel tous les coachs adhèrent. Elle met à la disposition des clients un annuaire des coachs certifiés avec un droit de recours en cas de non-respect de la déontologie.
Aujourd’hui avec la pandémie, les crises et les tensions sociales sont palpables, que conseillez-vous aux chefs d’entreprise qui traversent ce genre de situation ?
Le coaching a fait ses preuves dans les organisations. C’est un vrai levier d’accompagnement avec un impact fort sur la productivité. Une étude internationale menée par PWC pour le compte d’ICF auprès de 30.000 entreprises dans le monde a révélé que ‘’99% des clients sont satisfaits et 83% répéteraient l’expérience’’. Ce que je dirais aux chefs d’entreprise, c’est que le développement du capital humain passe par l’accompagnement et les soft skills nécessaires pour manager et collaborer dans cet environnement complexe se développent chez les collaborateurs grâce entre autres au coaching. La conduite des transformations des organisations ne peut aboutir sans un accompagnement des équipes au changement, souvent brutal.

L’accompagnement en entreprise représente un budget supplémentaire pour les patrons. Comment estimez-vous le retour sur investissement après la mise en oeuvre d’une mission de coaching ?

La même étude citée plus haut a révélé que 86% des entreprises ont récupéré jusqu’à 50 fois leur investissement. Ce calcul de ROI (retour sur investissement) s’effectuant sur la base d’une grille de calcul objectif.

En entreprise, est-ce que le coaching fait partie de la manière de manager ou s’agit-il d’une action ponctuelle pour réguler une situation spécifique ?

La posture de coach peut être intégrée dans la manière de manager car elle répond au besoin de certains profils de collaborateurs et est appropriée dans certaines situations managériales mais ce n’est pas du coaching proprement dit.
Le coaching est un partenariat entre le coach et le coaché suite à une demande volontaire de ce dernier dans le cadre de l’atteinte de ses objectifs ponctuels.

Quelles sont vos recommandations par rapport à la manière de déceler la nécessité de se faire accompagner ?

Le coaching est un accélérateur de changement puisqu’il déclenche des prises de conscience et amène les coachés à adopter de nouvelles façons d’agir et de réagir. De ce fait, toute personne a besoin d’être accompagnée, dès qu’il s’agit d’une nouvelle étape de carrière à franchir ou dans le cadre d’un changement organisationnel, d’une transformation ou d’une fusion…

Comment le chef d’entreprise devra-t-il choisir son coach ?

Le choix du coach est une étape clé dans la réussite du processus. La relation de confiance est à la base de l’accompagnement. Elle se voit renforcée par le professionnalisme du coach. Le chef d’entreprise doit d’abord s’assurer du parcours du coach, puis rencontrer plusieurs coachs avant de se décider.

Le mot de la fin…
Coacher quelqu’un c’est l’accompagner à libérer son potentiel pour maximiser ses performances. Quel magnifique métier !

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