L’objectif de cet observatoire est de créer une synergie d’équipe rassemblant les établissements de formation et les investisseurs et employeurs de la région.
Etat des lieux : L’adéquation entre les milieux de la formation et les besoins en compétences est une équation difficile à résoudre depuis longtemps. Les besoins du monde du travail ne cessant d’évoluer. Partout à travers le monde, il n’est pas aisé de dire ce que seront les besoins en la matière dans dix ans. Aussi le sujet revient sans cesse au cœur des rencontres des décideurs publics avec les acteurs du monde du travail et ceux des milieux de la formation. La question était justement au cœur du débat lors d’un atelier régional il y a tout juste quelques jours à Agadir.
La dynamique mise en œuvre dans la région Souss-Massa nécessite l’alignement des programmes de formation régionaux aux besoins actuels et futurs des investisseurs. C’est même un impératif incontournable. C’était l’occasion lors de cette réunion de dresser un état des lieux en la matière. «Au troisième trimestre de l’année 2023, la région du Souss-Massa a enregistré un taux d’activité de 39,5% en actifs âgés de 15 ans et plus, un taux situé en dessous de la moyenne nationale de 43,2%», a exposé Saaïd Amzazi, wali du Souss -Massa, lors de l’atelier régional.
Le Souss-Massa abrite pourtant une économie riche et diversifiée et enregistre une dynamique d’investissement à travers notamment les nouvelles zones industrielles portées par la déclinaison régionale industrielle et le développement du tourisme à travers la nouvelle station de Taghazout. De plus l’imposant secteur des fruits et légumes qui, malgré le changement climatique et bien d’autres aléas, se maintient. Paradoxalement à cette économie plurisectorielle, les diplômés de la région continuent à avoir du mal à intégrer le marché du travail. L’Université Ibn Zohr qui couvre cinq régions du Royaume et compte aujourd’hui plus de 150.000 inscrits génère plus de 17.000 diplômés chaque année mais trop peu d’entre eux trouvent preneur. A ceci s’ajoutent les diplômés des établissements de l’Office de la formation professionnelle. Au niveau de l’Anapec cependant, une moyenne annuelle de 15 .000 demandes d’emploi est enregistrée pour seulement 6000 à 7.000 offres. Ainsi l’offre en emploi reste encore limitée malgré le développement régional. De plus, selon les recrues, le marché local du travail est trop peu payeur. D’où une fuite des talents vers d’autres cieux dans le Royaume ou à l’étranger.
Comment endiguer les écarts entre le marché local et les milieux de la formation dans la région. Pour M. Amzazi, il est nécessaire de «s’interroger sur les tendances d’investissement et de recrutement au niveau de la région et réfléchir sur l’offre en formation adaptée à mettre en place et à développer».
Pour ce faire, il est ainsi d’intérêt tout d’abord d’inventorier les besoins en métiers localement et adapter les programmes, cartes de formation et les méthodes et approches pédagogiques aux attentes des employeurs. L’évolution des métiers et les changements à venir justifient aujourd’hui pleinement la réforme en matière de formation pour générer sur le marché des profils polyvalents avec des têtes bien faites. Pour relever ce challenge et rapprocher le monde du travail et celui de la formation, cet atelier régional est un pas en avant. Il apparaiît maintenant nécessaire de poursuivre cette démarche en incitant les établissements et institutions de formation régionales d’aller vers les entreprises, dans une démarche de détection des besoins. «Nous devons proposer à nos investisseurs un accompagnement et des alternatives dans leurs parcours de recrutement, dans l’optique d’atteindre une productivité réelle et accélérée», souligne le wali de la région.Pour l’heure, l’enquête menée par le CRI Souss-Massa pour l’identification des besoins régionaux en capital humain par secteur d’activité est un pas dans ce sens.
Une des recommandations de cette étude est la mise en place d’un observatoire de formation et de l’emploi à l’échelle régionale. Objectif : créer une synergie d’équipe rassemblant les établissements de formation et les investisseurs et employeurs de la région. L’enjeu est de faire émerger une ressource humaine qualifiée pour doper la compétitivité de la région et son attractivité.