Le recours aux enseignants-chercheurs des universités publiques est assorti de conditions. Cela doit se faire dans le cadre d’un accord de partenariat entre établissements (publics et privés), et à hauteur de 20 heures par mois.
La reconnaissance par l’Etat garantit le sérieux d’une école ainsi que la qualité des formations diplômantes qu’elle propose. Au Maroc, il a fallu attendre des années pour débloquer la situation et permettre aux écoles et universités privées d’obtenir le label de l’Etat. Ainsi, en 2017, 8 établissements créés dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat ont obtenu cette reconnaissance, depuis l’ouverture des candidatures en 2015. Il s’agit de l’Université privée de Marrakech Tensift El Haouz, de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, de l’Université internationale Zahraoui des sciences de la santé, de l’Université Internationale de Casablanca, de l’Université Internationale d’Agadir, de l’Ecole supérieure d’architecture de Casablanca, de l’Ecole de Management (ESCA) et de l’Ecole centrale de Casablanca. Une dizaine d’autres sont en cours d’évaluation. Il faut rappeler à ce sujet que l’Université internationale de Rabat (UIR) a été la première à décrocher le label de l’Etat en 2016.
Cela dit, pour obtenir le label de l’Etat qui dure 5 ans, le ministère a placé la barre très haut. Les établissements de l’enseignement privé doivent se plier à des critères très strictes. Parmi ceux-ci, un effectif minimum de 400 étudiants inscrits dans une école privée et 2.000 dans le cas d’une université privée. L’ancienneté de l’entité d’enseignement supérieur doit être supérieure ou égale à 3 ans. De plus, toutes les filières doivent être accréditées. En outre, 60% de la charge horaire doit être assurée par des permanents, dont 50% de docteurs. Un seuil d’enseignants est requis par spécialité : 1 prof pour 10 étudiants en sciences de la santé, 1 prof pour 20 en sciences et 1 pour 25 en gestion et commerce. Le cahier des charges précise également le nombre d’heures maximum par an pour les enseignants, ainsi que les activités auxquelles ils doivent être associés (recherche, formation continue, encadrement).
Le recours aux enseignants-chercheurs des universités publiques est assorti de conditions. Cela doit se faire dans le cadre d’un accord de partenariat entre établissements (publics et privés), et à hauteur de 20 heures par mois. Autrement, les professeurs du public devront obtenir une autorisation du président de leur établissement pour exercer dans le privé et ce à hauteur de 20 heures par mois. Pour ce qui est de la recherche scientifique , les écoles et universités privées doivent disposer d’un budget propre, d’infrastructures dédiées et d’un plan d’action lié à des projets de recherche sur 5 ans. Elles doivent joindre des données relatives à leur production scientifique, projets, brevets, partenariats et manifestations organisées en recherche à leur dossier de candidature.
Enfin, les établissements privés doivent aussi justifier d’infrastructures et d’équipements pédagogiques et scientifiques de qualité. Signalons que cette reconnaissance est accordée par voie de décret, adopté sur proposition du ministère de l’enseignement supérieur, après un avis de la commission nationale de coordination de l’enseignement supérieur. Jusqu’à présent, une vingtaine d’établissements privés auraient déposé leur candidature. Par ailleurs, il faut relever que les diplômes des établissements reconnus par l’Etat sont équivalents aux diplômes nationaux. Signalons que l’équivalence, au lieu d’être liée à l’accréditation des filières, comme le stipule la loi, a été conditionnée par la reconnaissance de l’Etat. Ainsi les lauréats des établissements ayant obtenu cette reconnaissance peuvent s’ils le souhaitent poursuivre leurs études en Master ou en Doctorat dans le public mais aussi accéder à la fonction publique une fois leur diplôme en poche. Toutefois, seuls les étudiants inscrits cette année pourront en bénéficier. Les diplômés des années précédentes devront prendre leur mal en patience puisque la loi n’est pas rétroactive. Il faut aussi reconnaître que le label de l’Etat permet aux écoles et universités privées d’améliorer leur attractivité. Signalons à ce sujet que les effectifs accueillis par le secteur (près de 38.000 étudiants) sont en régression continue. La part du privé dans l’enseignement supérieur est passée de 7,1% en 2011-2012 à seulement 4,6% en 2015-2016.
Par Laila Zerrour et Salima Guisser