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El Hassan Lemallem: «Depuis sa création, l’ESI a mis sur le marché 40 promotions avec des profils très recherchés»

© D.R

Entretien avec El Hassan Lemallem, directeur de l’Ecole des sciences de l’information

ALM : La réforme du 26 février 2016 a permis à l’ESI de délivrer le diplôme d’ingénieur d’Etat. Quels ont été les effets de cette mesure?

El Hassan Lemallem : Permettez-moi tout d’abord de rappeler que l’Ecole des sciences de l’information (ESI) est une école publique d’ingénieurs sous la tutelle du Haut-Commissariat au Plan (HCP), lui-même premier pourvoyeur en information et en données statistiques, économiques et sociales au Maroc. L’ESI a été créée en 1974 sous un concept américain, «Information Science School», pour former un profil particulier et unique dans le monde arabe et africain dit «Information Scientist», d’où l’appellation des anciens diplômés de l’école de «informatistes». Avec l’explosion du volume des informations échangées dans le monde, l’avènement du numérique et l’importance du patrimoine immatériel dans le calcul des richesses des pays et des organisations, l’ESI s’est vue obligée de s’adapter à ces réalités et a procédé à une réforme globale. C’est ainsi que le grand chantier de sa réforme a démarré en 2007 et une réflexion profonde a été lancée par les enseignants et les lauréats de l’école pour la rendre conforme aux nouvelles exigences de la loi 01-00 sur l’enseignement supérieur et adapter son offre de formation aux nouvelles exigences.

La grande réforme de l’ESI a été concrétisée en 2011 et plusieurs chantiers l’ont accompagnée tant sur le plan académique et de la recherche que sur le plan des infrastructures. Sur le plan académique, l’ESI a adapté ses programmes de formation et les a rendus conformes aux établissements de référence dans son domaine, notamment le réseau mondial des établissements formant pour les métiers de l’information dits «Ischools» aux USA et certaines écoles d’ingénieurs en France. En outre, le décret n° 2-15-943 approuvé en février 2016 a permis à l’ESI de changer sa vocation en la transformant en école d’ingénieurs, de changer son nom en arabe مدوم المعلومات au lieu de مدعلوم ام mettant l’accent sur son domaine lié principalement à l’information et les données d’une part et mettant fin à la confusion qui a régné durant plus de trois décennies et qui a classé l’ESI avec des établissements de communication et de journalisme. Ce décret a également permis d’élargir sa mission de formation, de recherche, de formation continue et d’expertises dans plusieurs domaines (ingénierie des connaissances, des contenus et des données, système d’information documentaire, intelligence compétitive et veille stratégique).

Quel bilan faites-vous de l’année 2016-2017?

Il s’agit d’une année de référence pour l’ESI durant laquelle plusieurs projets et chantiers pour asseoir la réforme de 2016 ont été concrétisés. Cette année a été marquée par la célébration du 41eme anniversaire de l’ESI qui coïncide avec la remise des diplômes aux 39ème et 40ème promotions où les 1ère et 2ème promotions du «Cycle ingénieur» étaient à l’honneur. On notera également le démarrage de deux départements de recherche et d’enseignement : Génie documentaire, veille stratégique et records management (GDVSRM), Génie des données, des contenus et des connaissances (GDCC). Deux laboratoires de recherche ont été mis en place, à savoir : le Laboratoire de recherche en informatique, sciences de données et ingénierie des connaissances (Lyrica) et le data – Information – Knowledge – Society (DIKS). Parmi les autres actions, il y a lieu de relever le lancement pour accréditation de deux Masters dont un sur l’information et les données dans le domaine de la santé. L’intégration du Forum génie regroupant les entreprises et quatre grandes écoles d’ingénieurs de Rabat (ENSIAS, ESI, INPT et INSEA) a été marquée par la participation remarquable de ses étudiants de l’ESI à la 14ème édition de ce Forum présidée par le chef de gouvernement. L’année 2016-2017 a connu l’achèvement des travaux du nouveau siège de l’école et ce suite à la rénovation et extension de ses anciens locaux et le démarrage du projet d’internat et de restaurant pour les étudiants

Quelles sont les nouveautés de la rentrée 2017-2018 et les perspectives sur les 5 prochaines années?

Beaucoup de nouveautés sont prévues. A commencer par le démarrage d’une autre filière d’ingénieurs et de deux Masters. En outre, un Master spécialisé pour les cadres des entreprises (cours du soir) verra le jour. Nous avons prévu d’organiser des cycles de formation continue et ce à la demande de plusieurs entreprises (formation à la carte). Nous avons également décidé d’intégrer des pôles de compétences pour le démarrage de formations en co-diplômation avec certains établissements au Maroc, en France et au Canada.

Qu’en est-il des recrutements après l’obtention du diplôme. Quel est le taux d’insertion de vos diplômés sur le marché de l’emploi?

Depuis sa création, l’ESI a mis sur le marché 40 promotions avec des profils facilement insérés et très recherchés tant par le secteur public que par le secteur privé atteignant parfois un taux d’insertion de 100%.

Depuis la réforme de 2016, l’ESI a mis sur le marché 2 promotions d’ingénieurs des connaissances et des données. Malgré la courte durée depuis l’obtention de leur diplôme (moins de six mois), des signaux positifs remontent sur nos nouveaux lauréats ingénieurs. Ils ont été embauchés dans des offices, des banques et certains ministères. D’autres ont réussi des concours d’inscription au Doctorat dans des écoles d’ingénieurs au Maroc et en France et ont obtenu des bourses d’excellence et des financements pour leurs études. D’autres complètent leur formation d’ingénieur par des études de Masters spécialisés au Canada et en France.

Passer de la formation «d’informatistes» à celle «d’ingénieurs des données et des connaissances», est-ce un effet de mode?

Absolument pas, c’est tout simplement une évolution naturelle, voire une adaptation du profil d’informatiste aux exigences des nouvelles fonctions et tâches du spécialiste de l’information et des données. En effet, si au début du 20ème siècle le rôle principal du spécialiste de l’information était centré autour du document comme support d’information, qu’il fallait repérer traiter, conserver et diffuser au sein d’espaces dédiés dits bibliothèque, Centre de documentation et Centre des archives, la mission principale aujourd’hui est autour de la Data dans un monde vaste et sans espace dédié et où la donnée existe en masse et sous forme de flux numériques. La collecte, la fiabilisation, le traitement et l’analyse, la conservation, l’exploitation… nécessitent la maîtrise d’outils et techniques évoluées basés en plus des techniques documentaires et de l’informatique sur la modélisation et la recherche opérationnelle. Et où la maîtrise du monde du Big Data est un préliminaire de taille.

Quid des métiers de l’ESI

La réforme de 2016 a posé les premiers jalons de nouveaux métiers d’avenir liant à la fois les métiers des sciences de l’information « information scientists » basés sur le traitement des contenus et des connaissances aux métiers d’analyse et de traitement des informations et des données de masses dits métiers de «Data Scientists» dans un monde de Big Data.

La plupart des métiers de l’ESI sont des métiers adaptés à l’offshoring dit aussi outsourcing et sont très demandés au Maroc et à l’étranger.

Parmi les métiers exercés par nos lauréats, nous citons : Data & Information Scientist, Knowledge Manager, Analyste veilleur, Ingénieur des systèmes d’information, Digital Assets Manager, Document Controller, Information Architect.

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