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Khalid Samadi : «L’entreprise marocaine appelée à accompagner les inventeurs»

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Entretien avec Khalid Samadisecrétaire d’Etat chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

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Le financement de la recherche scientifique ne signifie pas le recours au seul budget de l’Etat. Nous pouvons rechercher d’autres sources à l’étranger, voire au Maroc, notamment les établissements publics comme OCP.

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Rencontré récemment lors d’un événement consacré à l’enseignement supérieur, Khalid Samadi s’exprime sur les mesures entreprises par son département pour la recherche scientifique. Il dresse un état des lieux du secteur et parle des perspectives de son secrétariat d’Etat.

ALM : La recherche scientifique est désormais un facteur clé de développement. Quelles sont les mesures prises par votre département pour faire évoluer ce secteur ?

Khalid Samadi : Pour répondre à votre question, je préciserais que l’évolution est énorme en termes de résultats. Quant aux mesures pour l’évolution de la recherche scientifique, elles ont été entreprises par l’ex-gouvernement et elles ont donné aujourd’hui leurs fruits. En chiffres, nous sommes passés de 2.300 articles scientifiques publiés par des enseignants-chercheurs dans les revues internationales arbitrées à environ 8.000 aujourd’hui. C’est donc une multiplication par trois. Quant à la publication en anglais, elle a grandement évolué. A peu près la plupart des projets de recherche publiés dans ces revues sont en cette langue. Pour leur part, les professeurs, qui ne peuvent publier en anglais, sont traduits en cette langue puisque nous avons pensé dans le Centre national de recherche scientifique et technique (CNRST) à créer un comité de traduction pour eux. Ces professeurs doivent être inscrits à ce centre qui fait une traduction scientifique académique. C’est à travers cette démarche de traduction que le nombre de publications peut augmenter.

Au-delà de ces publications, des chercheurs peuvent avoir des innovations intéressantes sans être connus. Comment en prenez-vous connaissance ?

Il y a dans ce sens une stratégie de partenariat avec différents départements du gouvernement. Par exemple, le ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau a des accréditations de recherche scientifique sur la sécurité routière et nous avons les nôtres. Pour ce faire, nous signons un partenariat conjoint fixant les priorités ayant principalement trait au développement du pays. Après quoi, nous finançons le projet de recherche. Quant au CNRST dont j’ai parlé, il assure le suivi et le contrôle depuis le début. Nous avons également une convention avec l’Agence nationale des plantes médicinales et aromatiques portant sur 9 projets. Aussi, nous avons un partenariat avec le ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique concernant l’intelligence artificielle de l’ordre de 50 millions DH. Il y aura d’autres partenariats prochainement sur l’environnement et l’eau ainsi que des secteurs de priorité. Cette démarche permettra de déployer les ressources humaines et financières pour la recherche scientifique nationale et des résultats de recherche répondant aux problématiques réelles du développement du pays. A un moment, les chercheurs publiaient une recherche scientifique pour promotion. C’est pour cela que nous abondons dans le sens de soutien aux recherches et études ayant trait aux problématiques de développement à l’instar des énergies renouvelables, de l’eau, l’environnement, l’agriculture, l’automobile et l’aéronautique.

Qu’en est-il de la promotion de la recherche scientifique marocaine à l’étranger ?

Nous avons également encouragé l’adhésion aux projets de recherche internationaux ouverts par l’Union européenne. Pour l’heure, nous avons terminé le projet de l’horizon 2020. Les chercheurs marocains y ont grandement adhéré. D’ailleurs, nous étions le premier pays maghrébin en termes d’adhésion. C’est pourquoi nous avons eu le mérite d’intégrer le deuxième projet «Prima» signé à Bruxelles et dont le financement est énorme. Par l’occasion, le financement de la recherche scientifique ne signifie pas le recours au seul budget de l’Etat. Nous pouvons rechercher d’autres sources de financement à l’étranger, voire au Maroc, notamment les établissements publics comme OCP. A son tour, l’Iresen fait des projets de recherche en énergies renouvelables assez intéressants. C’est pourquoi nous devons avoir une stratégie intégrée de recherche scientifique. Et notre vision est claire puisque nous avons le plan 2015 -2026 de la recherche scientifique.

Où en êtes-vous dans la mise en œuvre de ce plan ?

Nous travaillons dans le ministère sur la mise à jour de ce plan pour une autre vision sur les 15 ans prochains. Ce sont les grandes orientations que nous emprunterons. En tout cas, nous soumettrons notre rapport à un comité ministériel permanent de la recherche scientifique présidé par le chef de gouvernement qui se tient deux fois par an. Il nous accompagne d’ailleurs dans ces projets et leur gouvernance.

Il est reproché au Maroc de ne pas avoir assez de brevets d’invention. Que répondez-vous à cela ?

Cette année nous sommes à 120 brevets qui sont l’œuvre des universités marocaines. A un moment, nous étions à 100, 70, 60 par an. Ce qui importe ce n’est pas d’atteindre l’invention mais ce qui advient après l’invention. Il faut d’ailleurs un écosystème permettant de lier la recherche scientifique à l’entreprise pour transformer l’idée en entreprise et donc avoir des effets sur l’investissement et le marché d’emploi. C’est pour cela que nous avons créé dans 6 universités marocaines ce que nous avons appelé «Les villes de l’innovation». Nous y offrons, aux étudiants et équipes de recherche qui ont pu faire une invention, les moyens de mieux présenter leurs produits et communiquer avec les entrepreneurs qui viennent à ces pôles pour voir ces inventions. Ainsi il y a des négociations entre inventeur et entreprise avant de trouver un financement. Il arrive que l’entreprise étrangère se déplace dans les universités marocaines et finance des brevets qui ont des échos à l’étranger. C’est pourquoi j’appelle l’entreprise marocaine à accompagner les inventeurs et signer avec eux des partenariats pour transformer le produit en opportunité d’emploi.

Quel commentaire faites-vous de certains classements mondiaux qui attribuent des places dégradées au Maroc?

Quand une université marocaine est dans les 900 ou 950ème place, on dit que nous sommes toujours en dernière place alors que ceux qui sont dans le classement, ils le sont dans celui de 20.000 universités mondiales. Auparavant nous ne figurions pas dans les 1.000 premières, maintenant nous y sommes. Les universités Mohammed V, Cadi Ayyad et Mohammed Ier sont dans les 800 et 850 sur les 20.000 et non 1.000. Il est vrai qu’il existe des problématiques et difficultés que nous traitons, suivons et accompagnons. Nous développons les équipements et infrastructures sachant que les critères de classement diffèrent selon la publication scientifique en anglais alors que chez nous l’enseignement est en français. C’est un obstacle que nous tentons de traiter à travers le centre de traduction dont j’ai parlé. Aussi, la liberté des universités et le nombre d’étudiants ainsi que celui des laboratoires de recherche sont des critères assez importants. Il y a aussi certains classements internationaux qui ne prennent pas l’université en tant qu’entité mais prennent en considération le classement international d’universités en physique par exemple. Nous avons déjà eu dans ce classement des places avancées. C’est le cas de l’université Mohammed Ier d’Oujda.

L’Université marocaine a donc eu un leadership et des classements. Donc aux niveaux international, africain, maghrébin et arabe, il y a une grande évolution.

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