C’est dans ce contexte que s’est tenue à Casablanca, le 9 avril dernier, la seconde édition du Forum du dirigeant, sous l’impulsion du CJDI – Centre des jeunes dirigeant·e·s et innovateurs. Le thème, «Faut-il être intuitif, audacieux ou stratège pour être dirigeant?», résume bien l’ambition du forum, à savoir interroger les ressorts profonds du leadership contemporain.
Trois interventions majeures ont particulièrement résonné dans l’auditoire. Mehdi Tazi, PDG de Ask Capital, Marsh Morocco et Cover Edge, a témoigné sur le courage d’entreprendre en suivant son propre instinct. Plutôt que de plaider pour des modèles figés, il a mis en avant la valeur de l’expérience vécue, du terrain, de l’action dans l’incertitude. De son côté, Meryem Chami, directrice générale, membre du Comité exécutif, directrice transformation et administratrice indépendante, a défendu une vision stratégique fluide, ancrée dans la lucidité. Pour elle le principal défi d’un manager est de savoir naviguer, choisir, renoncer et aligner ses équipes sur une vision claire même si celle-ci bouscule les repères établis. Son intervention a permis de mettre en exergue le rôle de l’intuition dans les choix complexes, trop souvent reléguée derrière la rationalité.
De son côté, Yasmine Benamour, secrétaire générale de Pharma 5, a introduit une dimension plus introspective du leadership. Selon la manager, il s’agit de reconnaître ses failles, assumer ses erreurs et continuer à avancer. Dans son raisonnement, le pouvoir n’est plus vertical. Il devient une quête d’équilibre entre exigence, humour, écoute et vérité personnelle. Autre moment marquant du forum, la démonstration de Chakib Ayoub, maître du damasquinage. Par son art, il a rappelé que le leadership ne se transmet pas uniquement par les mots, mais aussi par les gestes, les regards, les silences. Une métaphore puissante d’un management ancré dans la tradition mais tourné vers l’avenir, où le savoir-faire devient un langage universel.
Plus de quinze ateliers immersifs ont été organisés pour aborder des thématiques comme la singularité du leader, la gestion des émotions, la posture stratégique ou encore le rôle des héritages culturels dans la prise de décision. Et c’est à cette occasion que Laïla Barhdadi, membre du CJDI, a partagé le portrait de «Moha le Fou, Moha le Sage» : une caricature tendre et piquante de l’entrepreneur obstiné.
A la fin de cette édition, un constat s’impose de fait : le dirigeant de demain n’est ni un technicien de l’excellence, ni un stratège isolé, mais un être conscient de ses limites, capable d’articuler intuition, audace et réflexion. Selon Omar Toukhssati, membre du CIDI, «l’audace ouvre au dirigeant les portes du possible et la stratégie lui trace le chemin pour les dépasser.»
Pour rappel, le CJD a été fondé à l’international en 1938. Il est présent au Maroc depuis plus de 20 ans. En 2024, le Centre des jeunes dirigeant·e·s d’entreprise a opéré sa mue pour devenir CJDI – Centre des Jeunes dirigeant·e·s et innovateurs.