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Journalisme et intelligence artificielle: L’homme ne sera pas remplacé par la machine ; le journaliste non plus !

© D.R

L’UPF Maroc (Union de la presse francophone), dans son cycle de formation a invité, samedi dernier, le consultant média Gérarld Holubowicz à débattre de la question. L’homme, qui enseigne depuis dix ans à Sciences Po notamment et l’ESJ, a décrypté, aux membres de l’UPF, la genèse et les pourtours d’une intelligence artificielle qui remet en question les anciennes coutumes pour trouver des informations… Par rapport au métier du journalisme, elle a un impact certain. Mais elle devra être prise avec des pincettes et être utilisée à bon escient. C’est une question de déontologie ! Eclairage.

«Cette formation est une proposition, un moment de découverte, il ne s’agit pas seulement de répondre à vos besoins immédiats mais de vous acculturer à l’IA générative pour vous outiller efficacement et vous permettre de mieux appréhender les futurs changements qui s’annoncent déjà». D’entrée, l’expert plantera le décor de son exposé pour que les intervenants se situent dans ce monde si vaste et hétérogène que représente l’IA générative. Cette dernière pouvant être définie comme un phénomène récent, qui évolue à la vitesse de la lumière, sur le plan des pratiques, du contexte éthique et juridique, comme sur le plan industriel. Partant de là, Gérald Holubowicz affirme déjà qu’«il est donc impossible d’être exhaustif et d’adresser tous les sujets de l’IA générative en une journée de formation».
Chacun devra par la suite affiner ses connaissances en la matière selon ses attentes. Les acteurs industriels limitent les accès gratuits aux plateformes, ce qui rend moins aisé l’exercice. Par rapport au métier de journaliste et dans l’audiovisuel en particulier, apprendre à écrire un prompt ne veut pas dire que la personne sait utiliser l’IA générative dans son intégralité. Ce vaste domaine sous-entend que la personne présente le contexte d’émergence des IA génératives. Il s’agira aussi pour elle de comprendre les enjeux associés aux IA génératives. Elle devra définir les principaux cas d’usage rencontrés actuellement dans les rédactions. Car c’est un fait. Mieux comprendre ce que l’IA générative peut changer dans une rédaction est primordial.
Cela permet d’identifier les pratiques les plus responsables et éthiques dans un contexte à production éditoriale. Et c’est bien pourquoi la formation a consisté dans la seconde partie de laisser les journalistes se familiariser et manipuler ChatGPT 3.5, 4.0, Perplexity.ai pour comprendre la structure d’un prompt. Le formateur a continué parallèlement à livrer les informations générales sur les Chatbots à tester. Plusieurs plateformes ont été testées pendant la formation, à savoir Perplexity.ai chatgpt claude et Gemini Copilot. L’exercice a aussi consisté à savoir comment fabriquer du contenu automatiquement… Le partenariat entre Le Monde et Prisa Media est assez emblématique d’une telle pratique. Cela ne veut pas dire que le journaliste sera remplacé mais qu’il pourra être aidé pour ses recherches documentaires permettant de bâtir son article de façon factuelle avec des déclarations de personnes ayant été interrogées réellement pour recouper l’information traitée. La nuance est là. La question d’éthique aussi. Il s’agit de l’essence même du métier !
Les experts en IA sensibilisent aux problèmes de désinformation et d’éthique liés aux médias synthétiques. Gérarld Holubowicz aussi.
Avec du recul, les uns et les autres qui se sont penchés d’une manière approfondie sur l’IA et ses vertus sensibilisent à ses limites.
Sur l’édition du Figaro du 1er juin 2023, la scientifique numéricienne Aurélie Jean affirme à juste titre que «contrairement à ce que prétend le créateur de ChatGPT, un algorithme ne pense pas.» De son côté, l’informaticienne spécialiste en éthique de l’intelligence artificielle, Timnit Gebru, directrice du DAIR et ancienne éthicienne de Google, avance des propos encore plus alarmants : «Il n’est pas surprenant que le domaine de l’IA se soit orienté dans une direction promettant un avenir inimaginable à l’horizon alors qu’il prolifère des produits qui nuisent à des groupes marginalisés dans l’immédiat».
Quant au philosophe et auteur Eric Sadin, pour lui «les IA ne parlent pas seulement à notre place, mais en notre nom». On l’aura compris, quel que soit le niveau de connaissance en IA, la désinformation guette. Le formateur s’attardera à donner des exemples concrets sur les deepfakes. Ces derniers se matérialisent quand une personne prend l’image de quelqu’un et lui fait dire quelque chose qu’il n’a pas dit. Ce procédé est très utilisé pour nuire à l’image des hommes politiques ou biaiser le jugement…
C’est le cas de la campagne américaine qui a enflammé la toile quand Donald Trump apparaît dans une série de photos prises apparemment avec des membres de la communauté noire américaine. Il s’agit de faux. En mars 2018, l’acteur américain Jordan Peele faisait un appel aux dangers que peuvent représenter les deepfakes et les IA génératives…
Concernant les médias synthétiques et la traduction, en 1947 Norbert Wiener envisage de créer un programme de traduction automatique universel pour assurer la «paix dans le monde». En 2023, l’application HeyGen réalise son rêve.
Bref, le métier de journaliste ne devrait pas disparaître avec l’IA générative. Il devra, cela dit, être au fait des dernières avancées en la matière pour savoir protéger ses écrits et faire de l’IA une utilisation maîtrisée. C’est tout là l’enjeu. Dans les autres domaines aussi d’ailleurs. Le secteur de la santé est aussi très convoité… A suivre.

Les défis de l’IA
Verbatim  L’informaticienne américaine Fei Fei Li rappelle la phrase géniale, écrite dans les années 70 : «La définition de l’IA d’aujourd’hui est une machine qui peut faire un coup d’échecs parfait alors que la pièce est en feu». Cette phrase illustre parfaitement les limites de l’IA. «Dans la prochaine vague de recherche sur l’IA, si nous voulons créer des machines plus utiles, nous devons revenir à la compréhension du contexte», conclut-elle.
La définition de Jean-Louis Laurière en 1986 : «L’IA commence là où l’informatique classique s’arrête: tout problème pour lequel il n’existe pas d’algorithme connu ou raisonnable permettant de le résoudre relève a priori de l’IA.»
La définition de Yann Le Cunen 2017  «L’intelligence artificielle a pour but de permettre aux machines de faire des tâches que l’on attribue généralement aux animaux et aux humains.»Verbatim  L’informaticienne américaine Fei Fei Li rappelle la phrase géniale, écrite dans les années 70 : «La définition de l’IA d’aujourd’hui est une machine qui peut faire un coup d’échecs parfait alors que la pièce est en feu». Cette phrase illustre parfaitement les limites de l’IA. «Dans la prochaine vague de recherche sur l’IA, si nous voulons créer des machines plus utiles, nous devons revenir à la compréhension du contexte», conclut-elle.
La définition de Jean-Louis Laurière en 1986 : «L’IA commence là où l’informatique classique s’arrête: tout problème pour lequel il n’existe pas d’algorithme connu ou raisonnable permettant de le résoudre relève a priori de l’IA.»
La définition de Yann Le Cunen 2017  «L’intelligence artificielle a pour but de permettre aux machines de faire des tâches que l’on attribue généralement aux animaux et aux humains.»

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