En entreprise, il est beaucoup plus répandu que nous pouvons le penser. C’est à l’université de Chicago où ce syndrome a été identifié dans les années 50.
Le zoologiste Thomas Park dirigeait à cette époque une équipe de chercheurs qui avait la mission de vérifier si les coléoptères ne cohabitaient pas entre espèce. Elle devait aussi confirmer si les plus adaptés à leur environnement étaient les seuls à survivre. Elle conclut que «les scarabées privilégiaient leurs semblables en mangeant leurs ennemis pour survivre». Quelques années plus tard, deux économistes, George Akerlof et Pascal Michaillat, établissaient suite à leurs recherches que l’homme est lui aussi capable de favoriser les idées et les personnes qui partagent les mêmes idées, les mêmes valeurs. Poussant la réflexion plus loin, le syndrome de scarabée s’appliquera aussi en management. «Si ce syndrome s’applique au monde de la recherche scientifique, il est tout naturel qu’il s’applique également dans notre société, au quotidien, et particulièrement dans le monde du travail», avancent les chercheurs. Ils définiront le syndrome du scarabée, en entreprise, comme «la tendance des décideurs (directeurs, managers, recruteurs) à favoriser des collaborateurs qui leur ressemblent. Cela signifie qu’ils vont parfois proposer une promotion, offrir une prime, une augmentation, donner l’opportunité d’une évolution, à un salarié qui partage les mêmes valeurs, les mêmes idées, les mêmes passions, la même vision de la vie». Les critères de ressemblance varient. Elles vont du genre, de l’âge, des passions, des expériences passées et communes, du diplôme, de la personnalité… Le syndrome du scarabée est courant. Le biais cognitif est réel. Un recruteur qui se sent à l’aise avec un candidat aura plus tendance à recruter ce dernier au lieu d’un autre doté une personnalité différente avec le même bagage intellectuel. Dans le travail d’équipe, le chef de file aura tendance à choisir les personnes qui sont toujours d’accord avec lui plutôt que celles qui auront un œil critique. Et c’est bien pourquoi les organisations les plus performantes font attention à cet aspect qui inhibe les modes de challenge et finissent par vouer l’entreprise à la stagnation par démotivation des équipes. Celles-ci prônent en effet la complémentarité dans les recrutements. Les équipes seront renforcées dans le sens où les forces et faiblesses des uns et des autres seront compensées de cette manière. Les experts et conseillers en organisation des entreprises sont unanimes sur ce fait. Le fait de booster les qualités humaines de chacun permettra de stimuler la productivité, l’esprit d’équipe, la créativité du groupe. La réussite de l’entreprise devient ainsi possible.