C’est ce qu’il ressort de la dernière étude menée par le Boston Consulting Group (BCG), The Network, le réseau des portails d’emploi leader à travers le monde et ReKrute pour le Maroc. Retour sur les principaux résultats qui en découlent.
Elle a été finalisée en 2024 et a recueilli les réponses de 150.000 actifs dans 185 pays, dont 1.097 au Maroc. L’objectif étant de mieux comprendre les préférences professionnelles à l’ère de l’intelligence artificielle, les attentes vis-à-vis des employeurs ainsi que les perspectives de transformation et de requalification. Et c’est lors de la restitution des principaux résultats de l’enquête que Zineb Sqalli, directrice associée BCG, a déclaré que «l’adoption précoce et massive de l’IA générative par les talents marocains constitue un signal fort. Plus de 60% des jeunes actifs et des profils qualifiés y ont déjà recours. Pour les entreprises, il ne s’agit plus de décider si elles doivent structurer ces usages, mais comment le faire, pour être un moteur de performance sans compromis sur la sécurité ni la maîtrise des usages»
De son côté, Alexandra Montant, directrice générale adjointe de ReKrute, a pour sa part fait remarquer que «cette étude est un véritable miroir des transformations du marché de l’emploi. Les talents marocains, connectés, lucides et ambitieux, ne cherchent plus seulement un emploi mais un projet qui fait sens. L’IA ne les inquiète pas : elle les stimule. C’est une chance pour les entreprises, à condition de savoir écouter ces nouvelles aspirations.»
Il faut dire que depuis la crise liée à la pandémie de la Covid19, les leviers de motivation au travail des cadres marocains ont changé. Selon l’enquête, la stabilité de l’emploi est devenue la priorité. Cette dernière arrivait en 10ème position parmi les dix premiers critères en 2020. Cette évolution atteste d’un besoin accru de repères dans un environnement plus incertain. «Les possibilités d’apprentissage et de développement de carrière connaissent également une progression notable, passant de la neuvième à la deuxième place. La reconnaissance au travail, quant à elle, gagne trois rangs, traduisant une attente renforcée de valorisation individuelle dans la relation professionnelle», poursuivent les auteurs de l’étude.
L’échantillon interrogé laisse apparaître aussi que tous ces facteurs sont essentiels en particulier pour les jeunes de 21 à 30 ans. Plus exigeante aujourd’hui, une majorité des cadres marocains est sollicitée plusieurs fois par an pour un nouvel emploi. Et beaucoup déclarent «avoir le pouvoir de négocier leurs offres, voire de les comparer».
Selon le dépouillement, «18% des cadres déclarent en effet être sollicités hebdomadairement et 25% le sont mensuellement. 78% déclarent également avoir un fort à très fort pouvoir de négociation». En termes d’adoption régulière de l’IA générative (52%), le Maroc se place 4ème au niveau mondial, à égalité avec la Chine et juste avant l’Inde. Au Maroc, 44% utilisent l’IA pour les études, l’apprentissage et la recherche (vs 41% monde), 35% pour la rédaction de contenus professionnels (vs 41% monde) et enfin 34% pour la recherche et développement (vs 24% monde).
En clair, ce différentiel démontre que les Marocains adoptent une approche proactive par rapport à l’IA dans le sens qu’elle ne se limite pas à un usage technique ou administratif. Elle est utilisée pour nourrir leur réflexion, leur apprentissage et leur positionnement professionnel. Les statistiques révèlent en effet que 24% (versus 17% monde) des cadres utilisent l’IA comme si c’était un binôme, l’utilisant régulièrement / occasionnellement pour résoudre des fonctions essentielles comme le codage, la R&D, la personnalisation du contenu. «Les Marocains se veulent également très optimistes quant à l’impact et à la menace de l’IA d’ici les 5 prochaines années : 34% seulement des cadres ne se sentent pas du tout menacés contre seulement 25% au niveau mondial».
C’est ce qu’il ressort également de cette enquête. Sur un autre registre, alors que la moyenne mondiale s’élève à 57%, 63% des actifs marocains se déclarent «prêts à se requalifier pour faire face aux transformations technologiques». Ce chiffre supérieur à la moyenne internationale reflète une réelle proactivité mais cette dynamique se heurte au manque d’accompagnement structuré pour concrétiser cette volonté. En clair, les auteurs de l’enquête sont unanimes à dire que «les talents marocains sont prêts à apprendre, à évoluer, à se réinventer mais encore faut-il leur en donner les moyens». En définitive, les résultats de cette enquête montrent clairement que les entreprises marocaines ont en face d’elles des talents prêts à apprendre, à évoluer et à co-construire l’avenir du travail. Mais encore faut-il leur offrir des environnements de travail alignés avec leurs attentes, investir dans leur requalification et intégrer l’IA non comme une menace mais comme un levier d’attractivité RH…
Tout est dit. La boucle est bouclée. Et les recruteurs ont tous les éléments pour bâtir leur argumentaire. Ceci pour contribuer à la performance de l’entreprise.