Point de vue: Le manager de porcelaine by Gérard Carton

La lettre de février signée par l’expert sur les colonnes de la newsletter du GCCG en dit long.

Gérard Dominique Carton a démarré sa carrière en tant que thérapeute, puis de dirigeant chez American Express, en France, aux Etats-Unis et au Canada. C’est en 1989 qu’il crée le Groupe de conseil spécialisé dans l’accompagnement humain du changement et des dirigeants (GCCG). Sa lettre de ce mois interpelle à plus d’un titre compte tenu de l’environnement en perturbation dans lequel évoluent les managers et les choix stratégiques sur lesquels ils s’appuient. En voici un extrait : «Le management est en zone de turbulence depuis plusieurs années, et n’a pour brefs répits que son passage dans l’œil du cyclone. Les recommandations, conseils, formations pour entrer dans l’ère du management «moderne» sont pléthoriques et pas toujours cohérentes. Les softs skills tiennent le haut du pavé au point que les compétences managériales de base sont passées sous silence après que les compétences techniques sont passées à la trappe.

Les compétences managériales d’organisation, de conduite du changement, d’analyse, de décision, de communication relationnelle, d’information, de fixation intelligente d’objectifs, de centrage sur les clients et les résultats ne sont plus un sujet brûlant. En revanche, l’empathie, l’esprit critique, l’écoute sont à l’honneur, et la bienveillance longtemps promue enregistre un recul significatif. C’est, pour ce dernier point normal, logique et compréhensible, car la bienveillance tant prônée était à sens unique. Elle était le devoir majeur des managers, sans qu’elle eût été ne serait-ce «qu’un peu» encouragée chez les collaborateurs vers le management… La bienveillance à sens unique porte en elle le germe de sa perte quand elle ne naît pas d’un sacerdoce. Bien sûr les théoriciens du management (il en faut) continuent de parler d’innovation, d’agilité, de négociation et de flexibilité.

Bien sûr nombre de managers s’interrogent… Lorsque l’on voit la liste des softs skills présentées comme essentielles, voire critiques et recherchées par les entreprises et organisations diverses, le doute sur ses capacités s’infiltre… Parce que les managers ont été fragilisés dans leur rôle, leur posture, leurs responsabilités, leurs devoirs et leurs obligations, l’heure est venue de constater l’émergence du manager de porcelaine à quasiment tous les niveaux de management. Le manager de porcelaine est passé de l’état de «fragilisé» à l’état de «fragile»(…).
A méditer.