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Qui sont ces saisonnières marocaines en Espagne

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Salaire moyen, épargne, origines, statut social… une étude de l’OIM et l’Anapec décortique leur profil

300 questionnaires et 25 entretiens ont été effectués auprès des travailleuses saisonnières dans 17 villes des trois régions pilotées, à savoir Rabat-Salé-Kénitra, Béni Mellal-Khénifra et Casablanca-Settat.

La migration circulaire des travailleuses saisonnières peut s’avérer profitable à condition que les outils et les mécanismes d’accompagnement adaptés soient mis en place. La majorité d’entre elles (62%), avant de penser au réinvestissement et au retour au Maroc, exprime le besoin d’apprendre la langue espagnole et réfléchit avant tout à faciliter son travail en Espagne. 58% d’entre elles souhaitent être formées au montage de petites et moyennes entreprises, dévoile un rapport intitulé «Etude sur l’autonomisation des travailleuses saisonnières participant au programme de migration circulaire Maroc-Espagne». La réalisation de ce document s’inscrit dans le cadre du projet Irtiqaa mis en œuvre par l’OIM en partenariat avec l’Anapec avec l’appui financier du Fonds de l’OIM pour le développement (IDF). L’objectif étant de contribuer à «l’autonomisation des travailleuses saisonnières à travers la mise en place d’un programme d’autonomisation socioéconomique adapté aux profils et besoins de ces dernières», indique ce rapport qui braque les projecteurs sur l’impact socio-économique du programme de migration circulaire sur les travailleuses saisonnières, leur famille et leur communauté.

Il analyse aussi les profils entrepreneuriaux des travailleuses saisonnières et décrypte les marchés et secteurs à fort potentiel de développement des TPE/Coopératives/AGR féminines. Ainsi, 300 questionnaires et 25 entretiens ont été effectués auprès des travailleuses saisonnières dans 17 villes des trois régions pilotées, à savoir Rabat-Salé-Kénitra, Béni Mellal-Khénifra et Casablanca-Settat. Cette étude a permis de dresser une liste de recommandations pour mieux accompagner les femmes dans leur autonomisation économique et sociale. Elle appelle à accélérer la bancarisation des migrantes saisonnières, accompagner l’organisation de collectifs, agrégateurs, coopératives et associations de femmes migrantes, à dupliquer potentiellement le programme «trois pour un» développé par le Mexique au Maroc et en particulier pour les saisonnières marocaines et à engager la coopération internationale dans l’accompagnement des saisonnières marocaines via les programmes de financement. Ce rapport suggère aussi d’inclure dans la démarche d’intervention tous les acteurs de l’ESS (économie sociale et solidaire) expliquant que «ces acteurs devraient s’intégrer, avec les autres secteurs, tant au niveau national que régional et local». Parmi les principales recommandations, on citera également la nécessité d’identifier les femmes leaders porteuses de projets, de travailler le projet, d’identifier les potentielles sources de financements, d’accompagner à la formation ou encore d’adapter l’appui au profil de ces femmes.

Vers la valorisation de l’expérience migratoire

«Parmi les 300 femmes interrogées, 86% sont déjà parties en Espagne pour le travail saisonnier. Ces femmes appelées «des femmes répétitrices» ont cumulé une expérience de plusieurs années de migration circulaire saisonnière soulignant ainsi le fait que ce type de migration commence à avoir une certaine profondeur», indiquent les réalisateurs de ce rapport. Pour ces derniers, l’expérience de migration accumulée par ces femmes est désormais conséquente et doit pouvoir être valorisée. Cette enquête dévoile également que le reste des femmes questionnées devra partir cette année pour la première fois. «Celles-ci sont appelées des «génériques». Elles sont 40 parmi les 300 femmes interrogées», relève la même source. Sur les raisons de leur départ, gagner de l’argent et aider la famille constitue la majorité des réponses.

La moitié des saisonnières épargne 40.000 DH en moyenne

Pour accompagner ces femmes dans leur autonomisation une série d’éléments est à retenir. L’argent qu’elles gagnent de cette expérience est souvent stocké à la maison. «Seulement 28% des femmes mettent leur argent dans les banques espagnoles et 42% gardent l’argent dans le logement en Espagne.
La question du manque de bancarisation de cette population semble être un élément important à prendre en compte pour leur accompagnement», affirment les réalisateurs de cette étude précisant que le montant de l’épargne est proportionnel à la durée du travail saisonnier et à la manière de dépenser l’argent pendant le séjour. Il en ressort que 2% des femmes questionnées arrivent à épargner 60.000 dirhams à la fin de la campagne. «L’importance de la somme laisse supposer qu’elles sont restées entre 5 à 6 mois sur place. 7% épargnent 50.000 dirhams (environ 4.640 euros) ; 11% épargnent 40.000 dirhams (environ 3.712 euros) ; 18% épargnent 30.000 dirhams (environ 2.784 euros) ; 14% épargnent 25.000 dirhams (environ 2.320 euros); 6% épargnent 15.000 dirhams (environ 1.392 euros)», peut-on lire dans ce rapport. Par conséquent, la moitié d’entre elles peut revenir d’Espagne avec une économie de 15 à 40.000 dirhams. A noter que cette somme est étroitement liée à la durée de leur séjour en Espagne.

Investissement de l’argent au retour au Maroc

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50% des saisonnières issues d’un foyer qui gagne moins de 1.000 DH/mois

Les travailleuses saisonnières ont entre 35 et 45 ans, selon les données 2021 de l’Anapec de 14.277 femmes. 66% d’entre elles sont mariées, 24% divorcées et 7% sont veuves. Elles sont à 75% originaires du milieu rural, d’après le questionnaire réalisé. Ainsi, une femme sur 3 provient de la région de Rabat-Salé-Kénitra (30%), et plus particulièrement (17%) de Sidi Kacem (1.323 en sont originaires) et Sidi Yahia (1.086). Plus encore, 27% de ces femmes ont au moins un enfant, 26% ont deux enfants et 24% ont trois enfants. Elles sont analphabètes (entre 55% et 56% d’entre elles ne savent ni lire ni écrire) et n’ont pas été scolarisées pour la majorité (57% ne sont jamais allées à l’école et seules 27% ont été au primaire, et 11% dans le secondaire). La typologie de ces femmes révèle qu’elles sont majoritairement issues d’une famille nombreuse (41% de ces femmes vivent dans un foyer avec entre 3 et 5 personnes, et 36% entre 5 et 10 personnes). Mais encore, la plupart du temps, les membres du foyer n’ont pas d’emploi fixe (à 70%). Ces femmes ne sont employées que moins de six mois dans l’année dans l’agriculture. Du côté du foyer familial, il touche moins de 1.000 dirhams, soit environ 93 euros pour 50% d’entre elles et moins de 1.500 dirhams (environ 140 euros) pour 80% d’entre elles par mois (sans compter l’apport de la migration en Espagne), explique la même étude.

Besoins en accompagnement et formation

 

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