Notre confrère de l’AFP-Rabat, Mohamed Chakir, a consacré un excellent reportage aux «35 miraculés des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca qui meurent à petit feu».
Une observation aiguë de souffrances profondes et réelles. Un récit rigoureux qui sort les distraits de leur torpeur, les oublieux de leur reniement et qui, au final, soulève une indignation légitime chez le lecteur. Pourquoi personne ne s’occupe de ces «blessés» de la vie ? Pourquoi leurs bourreaux, dont certains viennent de s’évader de leur prison avec une insolence inouïe, trouvent-ils plus de compassion que ces hères abandonnés de tous ?
Tout cela est aberrant et creuse davantage le fossé qui sépare l’Etat de la société. Que le Maroc des droits de l’Homme, de l’Etat de droit, de l’INDH, des valeurs de solidarité tourne le dos de cette manière désinvolte aux victimes du terrorisme, c’est proprement scandaleux.
Qu’une fraction de la société organisée notamment dans la galaxie intégriste — légalisée ou pas — procède par tous les moyens que lui procure, aujourd’hui, la démocratie à la révision historique des faits terroristes du 16 mai 2003 est, aussi, scandaleux. 35 vies déchiquetées que l’oubli et le désintérêt rongent. Quel fardeau peuvent-elles constituer pour un Etat, une société… Un fardeau, certainement, moins lourd que le poids immoral du cynisme triomphant.
21 avril 2008