Cheikh Abderrahmane Maghraoui, un imam féru de fatwas iconoclastes, vient, ces derniers temps, de franchir la ligne verte d’une manière absolument obscène.
A la requête d’un croyant, qui s’interrogeait, banalement, et d’une manière désintéressée, sur sa sexualité — il lui avait demandé s’il pouvait, en droit, épouser une jeune fille de 9 ans — notre imam a fait une réponse sans équivoque. La réponse est oui, et elle est même assortie d’un commentaire croustillant. Les compétences sexuelles de la fille de 9 ans sont, selon l’imam obscène, comparables à celles d’une fille de 20 ans. Il sait, probablement, de quoi il parle. Et, en plus, il a l’autorité morale requise pour se faire entendre.
L’affaire a fait grand bruit, et la presse s’en est donné à cœur joie. L’iman a été suspendu ? Non. Il a été sommé de s’expliquer ? Non. Il a reçu des remontrances des ouléma compétents ? Non. Il a eu droit à une manif du PJD ? Non. Abdelhamid Amine a fait un sit-in? Non. La justice s’est auto-saisie de l’affaire ? Non. L’ONDE a fait un communiqué? Non. La ministre de la Famille a gueulé ? Non. Le ministère de l’Intérieur a engagé une enquête? Non. Que s’est-il passé donc ? Rien.
Tout le monde a estimé que cet imam était libre d’exercer, contre la société, son droit à la fatwa. Le droit d’un imam à la fatwa scandaleuse est, chez nous, supérieur aux droits d’une enfant de 9 ans. Seul un avocat s’est senti personnellement concerné et a introduit une citation directe auprès du procureur du tribunal pour, si sa procédure prospère, pousser l’imam tolérant avec la pédophilie «licite» à s’expliquer devant la justice des hommes avant, peut-être, celle de Dieu.
9 septembre 2008