évènement. Plus de 650 participants d’Afrique du Nord, d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine sont attendus à la 27ème édition du Salon des technologies vertes « Ecomondo », prévue du 5 au 8 novembre prochain au parc des expositions de Rimini, en Italie. Cette nouvelle édition du salon leader des technologies vertes «Ecomondo 2024» accueillera des participants de plus de 100 pays et 72 organisations, institutions et associations sectorielles du monde entier. Le Maroc sera un acteur clé de cette manifestation qui s’érige comme étant un hub international de première importance pour l’économie verte. L’édition 2024 accordera une attention particulière au continent africain, conformément au plan Mattei du gouvernement italien et à l’événement «African Green Growth» (4ème édition), organisé par Ecomondo, en collaboration avec le ministère italien de l’environnement et de la sécurité énergétique et la Structure de mission pour la mise en œuvre du Plan Mattei. En effet, ce plan promeut la création d’un centre d’excellence, basé au Maroc, destiné à l’ensemble du continent africain, pour la formation aux énergies renouvelables et à la transition énergétique. Dans cet entretien, Alessandra Astolfi, directrice de la division verte et technologique de l’Italian Exhibition Group (IEG), nous donne un avant-goût du Salon Ecomondo qui est considéré aujourd’hui comme un véritable catalyseur communautaire de l’écosystème vert.
ALM : Ecomondo atteint cette année sa 27 ème édition. Quelles sont les principales nouveautés de cette manifestation ?
Alessandra Astolfi : La 27ème édition d’Ecomondo, organisée par Italian Exhibition Group (IEG), se déroulera du 5 au 8 novembre 2024 à Rimini. Cette édition se distingue par des innovations significatives qui en élargissent la portée et l’impact. Le parc des expositions s’agrandit avec deux nouveaux pavillons temporaires, B8 et D8, portant ainsi la surface totale d’exposition à plus de 166.000 m². Cette expansion reflète l’importance croissante de l’événement, qui accueille cette année 1.622 entreprises exposantes, dont 16% viennent de l’étranger. L’innovation technologique est au centre de cette édition, axée sur les solutions permettant de prévenir et d’atténuer les changements climatiques. L’utilisation du Big Data, de l’intelligence artificielle et des systèmes de surveillance de pointe caractérise bon nombre des propositions présentées. Le Quartier de l’innovation s’affirme comme le cœur de l’événement, accueillant 20 start-ups sélectionnées et dont les trois plus innovantes seront récompensées avec le Prix Lorenzo Cagnoni. Ecomondo 2024 met également l’accent sur l’avenir du travail dans le secteur vert, avec des initiatives dédiées aux Green Jobs & Skills (emplois et compétences verts). L’introduction du quartier Circular and Healthy City (Ville circulaire et saine) représente une autre innovation significative, en offrant une vitrine aux solutions les plus à l’avant-garde en matière de développement urbain durable.
Cette année l’accent sera mis sur l’Afrique et les défis environ-nementaux mondiaux. Comment expliquez-vous ce choix?
Le choix de se concentrer sur l’Afrique reflète l’engagement croissant de l’Italie en faveur du développement durable sur le continent africain, conformément au Plan Mattei. Depuis 2021, Ecomondo place l’Afrique au centre de ses stratégies de développement international, visant à accroître les opportunités pour les entreprises italiennes dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’agroalimentaire et de la bioéconomie circulaire et parallèlement créer un projet de coopération avec les pays africains de sorte à partager les compétences, afin de développer une économie circulaire dont pourront bénéficier les deux rives de la Méditerranée. Cette orientation reflète les priorités géopolitiques de l’Italie et répond aux défis environnementaux mondiaux, en reconnaissant le rôle crucial de l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique et dans la transition vers une économie plus durable.
Quel impact aura Ecomondo sur les politiques environnementales et économiques en Afrique ?
Ecomondo se présente comme un pont crucial entre l’Europe et l’Afrique, offrant une plateforme de rencontre et d’échange pour les entreprises, les institutions et les experts. L’événement prévoit un espace spécifique pour la coopération avec les pays africains, impliquant activement les entrepreneurs locaux dans un dialogue sur la transition vers l’économie circulaire, transformant ainsi la coopération en une véritable co-conception. La présence confirmée de 8 délégations d’Afrique et de 104 acheteurs d’Algérie, d’Égypte, de Tunisie, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Botswana, du Sénégal, d’Afrique du Sud et du Kenya démontre l’impact potentiel d’Ecomondo sur les politiques africaines. La collaboration avec la E4Impact Foundation (Fondation E4Impact), qui organise la «Business Networking Week in Italy» (Semaine d’affaires et de mise en réseau en Italie), renforce ultérieurement cet impact. Ce programme de formation, initiatives B2B et mise en réseau pour les entrepreneurs et managers africains, dédié à l’économie circulaire, contribuera à diffuser les connaissances et les meilleures pratiques, susceptibles d’influencer potentiellement les politiques environnementales et économiques en Afrique. Via ces initiatives, Ecomondo vise à stimuler l’adoption de politiques durables et l’application de solutions innovantes sur le continent africain, favorisant une croissance économique en harmonie avec la protection de l’environnement.
Comment le Plan Mattei s’inscrit-il dans cette dynamique ?
Le Plan Mattei s’inscrit parfaitement dans la dynamique d’Ecomondo en tant que projet stratégique de diplomatie, de coopération au développement et d’investissement de l’Italie pour renforcer les liens avec l’Afrique. Le Plan prévoit tant le développement de nouveaux projets que le soutien actif aux initiatives déjà en cours, en partageant les phases d’élaboration, de définition et de réalisation avec les États africains. Le Plan Mattei se concentre sur des secteurs clés tels que les énergies renouvelables, l’agriculture durable et l’économie circulaire, qui s’inscrivent parfaitement dans les thématiques centrales d’Ecomondo. Pour sa première phase, le gouvernement italien a identifié une série de pays pilotes (dont l’Égypte, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et le Kenya) pour des actions concrètes et de mise en œuvre rapide dans six secteurs d’intervention : santé, éducation et formation, agriculture, eau, énergie et infrastructures.
Quelles en sont les implications pour le continent africain ?
Les implications pour le continent africain sont significatives. Le Plan Mattei vise à apporter une valeur ajoutée effective à la population locale, en promouvant une croissance durable et inclusive qui concilie progrès économique, protection environnementale et lutte contre la pauvreté. Via l’amélioration de la résilience climatique et l’utilisation efficace des ressources, le Plan vise à développer l’économie circulaire en Afrique. L’intégration du Plan Mattei dans la dynamique d’Ecomondo offre une plateforme concrète pour la réalisation de ces objectifs. Il facilite l’échange de connaissances, de technologies et de meilleures pratiques entre l’Italie et les pays africains, en favorisant les partenariats public-privé et en stimulant les investissements dans des projets durables. À terme, le Plan Mattei, grâce à sa synergie avec Ecomondo, a le potentiel d’accélérer la transition écologique en Afrique, de promouvoir le développement économique durable et d’améliorer la qualité de vie des populations locales.
L’événement sera caractérisé par l’organisation de l’Africa Green Growth Forum. Pouvez-vous nous parler de ce concept et des objectifs attendus de cet événement ?
L’Africa Green Growth Forum (Forum africain sur la croissance verte), qui en est à sa quatrième édition, est l’un des événements clés d’Ecomondo 2024, prévu le 7 novembre. Organisé en collaboration avec le ministère de l’environnement et de la sécurité énergétique et la Structure de mission pour la mise en œuvre du Plan Mattei, le Forum se caractérise par son approche ciblée du développement durable de l’Afrique. Le concept à la base de l’événement est la création d’une plateforme de dialogue et de coopération entre l’Italie et les pays africains, axée sur des secteurs stratégiques tels que les énergies renouvelables, l’agriculture durable et l’économie circulaire. Les objectifs du Forum incluent l’approfondissement de projets spécifiques du Plan Mattei, tels que le Centre d’excellence pour la formation sur les énergies renouvelables au Maroc et les initiatives de développement de la filière des biocarburants au Kenya. En outre, l’événement vise à présenter des études de cas de coopération dans les secteurs de l’économie circulaire appliquées à diverses filières industrielles. Un aspect innovant du Forum est son alignement sur les engagements internationaux de l’Italie, en particulier ceux pris dans le contexte du G7 et de l’Union européenne. Cette approche assure la continuité entre les politiques nationales et les efforts mondiaux pour le développement durable du continent africain.
De quelle manière le Maroc pourrait-il servir de modèle pour d’autres pays africains en matière de développement durable et d’économie circulaire?
Le Maroc pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains grâce à son approche innovante et ambitieuse en matière de développement durable et d’économie circulaire. Le pays a fait des énergies renouvelables une priorité nationale, visant à augmenter la part des énergies propres dans le mix électrique au-dessus de 52% d’ici 2030, l’une des plus élevées au monde. Cet engagement en faveur de la transition énergétique, soutenu par de nombreux projets déjà opérationnels et en cours de développement, pourrait inspirer et guider d’autres pays du continent. Par ailleurs, le Maroc développe des projets innovants dans le secteur de l’hydrogène vert, aspirant à devenir un acteur incontournable au niveau régional. Cette vision pourrait être reproduite dans d’autres contextes africains, en favorisant le développement de technologies propres et en créant de nouvelles opportunités économiques. Le pays a également adopté un Nouveau modèle de développement intégrant les aspects économiques, sociaux et environnementaux, en accordant une attention particulière à l’économie sociale et solidaire. Cette vision holistique du développement durable pourrait être un exemple précieux pour d’autres pays africains. La coopération régionale encouragée par le Maroc, comme le gazoduc avec le Nigeria qui bénéficiera à 11 pays, démontre comment la collaboration transfrontalière peut conduire à des solutions durables à grande échelle, en renforçant la souveraineté énergétique des pays concernés. Enfin, l’engagement du Maroc en faveur de la formation et de la recherche, illustré par le Centre sur les changements climatiques de Rabat, pourrait servir de modèle pour la création de centres d’excellence dans d’autres pays africains, en favorisant le développement des compétences locales et des solutions innovantes pour relever les défis environnementaux du continent.
La coopération entre l’Italie et le Maroc dans les domaines de l’environnement et de l’énergie a considérablement évolué au fil des années, reflétant ainsi l’engagement des deux pays en faveur du développement durable. L’Italie, reconnaissant le rôle stratégique du Maroc en Afrique pour le développement durable, a décidé de réaliser dans le pays un centre d’excellence pour la formation sur les énergies renouvelables, dans le cadre du Plan Mattei. Cette décision souligne l’importance que l’Italie accorde au partenariat avec le Maroc dans le contexte plus large de la coopération avec l’Afrique. La collaboration environnementale entre les deux pays a une longue histoire, avec les premiers protocoles d’accord remontant à 2002. Au cours des années, plusieurs accords ont été signés dans des secteurs clés tels que le rendement énergétique, la lutte contre les changements climatiques et le développement durable. Le récent Protocole d’accord signé en décembre 2022 a encore élargi les domaines de coopération, en incluant explicitement les énergies renouvelables et la transition énergétique, en s’alignant sur les objectifs des Conventions de Rio et de l’Agenda 2030. La coopération s’étend également au secteur universitaire, avec des accords entre des universités italiennes et marocaines pour la recherche sur les énergies alternatives, démontrant ainsi une approche holistique qui implique non seulement les gouvernements, mais aussi les institutions d’enseignement et de recherche. Une attention particulière a été accordée aux défis climatiques qui touchent l’Afrique du Nord, reconnaissant ainsi l’urgence de résoudre des problèmes tels que la pénurie d’eau, la désertification et l’élévation du niveau de la mer. Le Maroc émerge en tant que leader régional en Afrique dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable. Des projets ambitieux comme le développement de l’hydrogène vert et des initiatives de coopération avec d’autres pays africains témoignent du rôle croissant du Maroc comme acteur clé de la transition énergétique du continent. Cette coopération reflète l’engagement commun de l’Italie et du Maroc à relever les défis environnementaux mondiaux, en favorisant un développement durable qui prend en compte les besoins spécifiques de la région Afrique du Nord. Le partenariat entre les deux pays se présente donc comme un modèle de coopération internationale dans le domaine de la durabilité, avec des bénéfices potentiels qui s’étendent bien au-delà des frontières nationales. Dans ce contexte, Ecomondo est une opportunité importante pour renforcer davantage cette coopération. L’événement offrira une plateforme idéale pour l’échange de connaissances, la présentation de technologies innovantes et la discussion de stratégies communes dans le domaine de la durabilité et de l’économie circulaire. La participation à Ecomondo pourra catalyser de nouvelles opportunités de collaboration, en consolidant le partenariat italo-marocain et en ouvrant de nouvelles perspectives pour des projets communs dans les secteurs de l’environnement et de l’énergie.