Entretien

Hicham Rachidi : «Le code pénal doit punir l’incitation à la haine raciale»

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«Masmytich Azzi» ( Nègre, ce n’est pas mon nom !) est la devise de la campagne qui sera lancée par le collectif « Papier pour tous » ce vendredi 21 mars à l’occasion de la journée mondiale contre le Racisme.
Hicham Rachidi membre du collectif et secrétaire général du  groupe antiraciste de défense et d'accompagnement des étrangers et migrants (GADEM) explique les objectifs de cette campagne.
 
Le Maroc célèbre ce vendredi la journée mondiale de lutte contre le Racisme. Une journée est-elle suffisante pour faire évoluer les mentalités ?
La déconstruction des préjugés vis-à-vis des étrangers dans notre société est un travail de longue haleine. Le collectif « Papier pour tous », constitué d’une vingtaine d’ ONG, associations de migrants subsahariens, de marocains de Hollande, de Belgique et de France, et d’associations locales vise à participer à cet effort en organisant la campagne « Masmytich Azzi ».
Nous allons procéder ce vendredi au lancement de « l’appel du 21 mars» qui sera signé par des personnalités reconnues. C’est un cri contre le racisme qui puise dans des valeurs foncièrement marocaines, celles de l’hospitalité, du partage et du vivre ensemble.
Ainsi cette campagne ne se limitera pas à une journée. Avec le soutien d’intellectuels, artistes ,  société civile et médias, la diffusion de spots vidéos, le déploiement de  toute une charte graphique,  l’organisation de débats citoyens dans divers régions du Royaume… etc, nous allons occuper le terrain jusqu’au 20 juin, journée mondiale du réfugié.  Cette campagne sera ainsi couronnée par la remise du prix de la diversité qui récompensera  une personne physique ou morale reconnue pour son action de solidarité engagée au-delà de toute discrimination ethnique, religieuse ou de genre.
 
 
Où en est le Maroc par rapport à la lutte contre le racisme ?
Outre les actions qui ciblent la société, la campagne « Masmytich Azzi » s’inscrit dans un contexte global. Celui de la politique migratoire radicalement nouvelle initiée par le Maroc sous les instructions de SM le Roi et suite aux recommandations du CNDH. Une politique migratoire nouvelle concrétisée par une campagne de régulation exceptionnelle, la mise en place d’une commission ad hoc  de mise à niveau du cadre juridique sur la migration, ainsi que l’élaboration d’une stratégie de relative à l’intégration des primo-arrivants (les étrangers qui viennent au Maroc pour s’installer).

Qu’en est-il du volet juridique au Maroc ?
Il y a des lois en cours d’élaboration qui concernent la migration, aussi des propositions de loi, notamment celle relative à la lutte contre la traite des êtres humains (PPS) et celle contre le Racisme ( PAM).
Dans ce sens, nous appelons à ce que ces lois puissent être élaborées en concertation avec la société civile afin d’y introduire les dimensions de protection des migrants et  de lutte contre l’incitation à la haine raciale.
Et nous appelons particulièrement le gouvernement à permettre à ces lois de voir le jour et à  amender le code pénal pour qu’il punisse, outre l’acte raciste stipulé dans l’article 431, le crime de l’incitation à la haine raciale.
Ceci en application aux dernières recommandations du comité de lutte contre les discriminations des nations unies, mais aussi en application de la nouvelle Constitution qui reconnaît dans son préambule la diversité.