Entretien

Je considère qu’il ne s’agit pas d’un gouvernement islamiste à proprement parler.

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ALM : Vous êtes en visite au Maroc pour promouvoir la candidature du président sortant, Nicolas Sarkozy, à l’élection présidentielle. Concrètement, que propose M. Sarkozy pour la communauté française résidant au Maroc?
Rachida Dati : Dans le cadre de la campagne présidentielle, j’ai été invitée par les Français installés au Maroc afin de rappeler les engagements tenus par Nicolas Sarkozy lors de ce quinquennat comme la prise en charge des frais de scolarité pour les lycéens français, la création de 11 postes de «députés représentant les Français de l’étranger», la création d’un secrétariat d’Etat en charge des Français de l’étranger… et de débattre du projet présidentiel.

Selon deux nouveaux sondages Ifop et Ipsos publiés mardi, Nicolas Sarkozy et François Hollande font presque jeu égal au premier tour. Cela dit,  M. Hollande l’emporterait au second tour. Qu’en pensez-vous ?
Un sondage ne fait pas une élection. Je ne crois qu’à une seule chose : l’élection ; et pour cela il faut être mobilisé, faire campagne, rappeler les réformes majeures du quinquennat et expliquer le projet. Il faut mobiliser nos militants, nos sympathisants et aller au-delà afin de convaincre l’ensemble des Français de l’intérêt pour la France de réélire Nicolas Sarkozy. Alors faisons campagne jusqu’à la dernière heure, la dernière minute, la dernière seconde et rendez-vous le 22 avril d’abord et le 6 mai ensuite.

Si François Hollande venait à être élu, quel serait l’avenir pour la France ?
Je n’imagine pas cette hypothèse, dans l’intérêt supérieur de la France, des Français et de leur avenir. Le programme de François Hollande se résume à l’augmentation du nombre de fonctionnaires, à l’augmentation des dépenses publiques et par conséquent à l’augmentation importante des impôts pour les classes moyennes. La France mérite mieux qu’une issue à la «grecque».

L’affaire Amina Filali a secoué la société civile un peu partout dans le monde, notamment en France. Selon vous, faut-il abroger l’article 475 du code pénal marocain?
Tout d’abord mes pensées vont à la famille de la jeune victime. La mort d’Amina Filali a suscité une profonde émotion bien au-delà des frontières du Maroc. Je suis une fervente militante contre toutes formes de violences faites aux femmes. Au Maroc ou ailleurs, d’une manière générale je pense qu’il faut toujours tout faire pour éviter que ne se reproduise ce genre de drame, en légiférant, mais aussi et c’est essentiel, en informant, en éduquant les familles, en rappelant sans cesse le nécessaire respect des femmes, et en mettant tout en œuvre pour protéger les femmes et notamment les plus vulnérables. C’est un devoir humain et une responsabilité pour toutes les grandes démocraties, dont le Maroc fait partie.

La société civile au Maroc a également appelé à l’amendement des articles 20 et 21 du Code de la famille relatif au mariage des mineurs. Quelle lecture en faites-vous?
Le Maroc a adopté, avant la France, la loi sur le mariage au même âge pour les garçons et pour les filles à partir de 18 ans, et pas avant. Mais la loi, bien que promulguée, doit être connue par tous et toutes. Les campagnes d’information permettent cela et en particulier en zones rurales.

L’affaire Merah a suscité une véritable polémique en France. Le mutisme des autorités dans cette affaire porte un sérieux coup à la démocratie française. Qu’en pensez-vous?
Pour votre information, les autorités en charge de la police et du renseignement ont largement été auditionnées par la délégation parlementaire au renseignement composée de parlementaires de droite et de gauche. A l’issue de cette audition, la délégation a indiqué qu’il n’y avait pas d’observations ou de réserves à faire ou à émettre suite à l’intervention du RAID. Donc la transparence a été totale. Il n’y a eu aucun mutisme et encore moins des choses à cacher. Vous savez, cette tragédie nationale est trop grave pour en faire un enjeu politicien. Les Français ont été unis dans la dignité face à cette monstruosité.

Nicolas Sarkozy a reproché à la presse d’avoir donné la parole au père de Mohamed Merah, qui a laissé entendre qu’il pourrait porter plainte contre la France pour la mort de son fils. Ne pensez-vous pas qu’il s’agisse là d’une atteinte à la liberté d’expression?
Nicolas Sarkozy n’a jamais reproché à la presse de donner la parole au père de Mohamed Merah, mais il était du devoir du chef de l’Etat de rappeler que cette tragédie barbare appelait à de la dignité et au respect des familles des victimes tragiquement éprouvées.

Que pensez-vous du nouveau gouvernement marocain dirigé par un parti islamiste?
Je considère qu’il ne s’agit pas d’un gouvernement islamiste à proprement parler. Ceci étant, je me garderais bien de tout commentaire sur la politique intérieure marocaine et encore moins de juger les choix politiques et électoraux des Marocains. Une chose est sûre, c’est que l’exercice du pouvoir se fait dans un cadre qui est celui de la Constitution refondée à l’initiative courageuse et visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La Constitution marocaine, garante de l’Etat de droit, garantit notamment l’indépendance de la justice et l’égalité homme-femme.

Avec ce nouveau gouvernement, comment se portent les relations franco-marocaines?
Les relations entre la France et le Maroc sont anciennes, historiques et excellentes.