Entretien

«Le zoo a attiré plus de 6 millions de visiteurs durant ses 11 ans»

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Entretien avec Salma Slimani, DG déléguée du Jardin Zoologique de Rabat

En plus d’être un espace de découverte, le Jardin Zoologique de Rabat sauvegarde des espèces d’animaux rares. Cette institution qui souffle cette année sa onzième bougie contribue aussi à l’éducation et à la sensibilisation des jeunes générations sur le monde animalier. Salma Slimani, directrice générale déléguée du Jardin Zoologique de Rabat, nous en dit davantage.

ALM : Le Jardin Zoologique de Rabat fête ses onze ans d’existence, quels sont pour vous les plus grands accomplissements réalisés par cet espace ?
Salma Slimani : Les réalisations du Jardin Zoologique national de Rabat découlent de sa mission en tant que plateforme de divertissement ludo-éducatif et de centre de conservation de la faune sauvage. A ce titre, le zoo de Rabat a consolidé son offre avec l’ouverture en 2016 d’un parcours muséographique qui retrace le patrimoine paléontologique du Maroc et de l’histoire de la présence animale sur le territoire marocain depuis les ères préhistoriques et avec l’ouverture en 2019 d’un vivarium dédié à la présentation de plus de 40 reptiles africains à travers un itinéraire du Maroc vers Madagascar.
La collection animale a ainsi été enrichie par l’introduction de nouvelles espèces d’intérêt comme les tigres, les caracals, les hyènes, etc. et qui font l’objet d’un programme spécial de conservation avec comme finalité la protection du patrimoine animalier et de la biodiversité à l’échelle nationale.
Ces actions ont permis au zoo d’attirer plus de 6 millions de visiteurs durant ces 11 ans. Ce qui le place à la tête des attractions touristiques les plus visitées de la capitale et confirme sa position en tant que 1ère institution d’éducation à l’environnement dans le domaine de la faune sauvage.

En plus d’être un lieu de découverte, le zoo protège aussi des espèces qui n’existent plus à l’état sauvage comme le lion de l’Atlas. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Le plan de conservation du Jardin Zoologique National de Rabat repose sur 22 programmes de conservation des espèces endémiques telles que le lion de l’Atlas, le singe magot, les antilopes sahélo-sahariennes et les vautours fauves…
L’objectif étant d’opérer des réintroductions dans la nature afin de repeupler les aires de répartition d’origine de ces animaux, de rétablir les équilibres des écosystèmes sur le long terme et partant de préserver la nature de manière générale.
De même, le lion de l’Atlas se taille la part du lion dans notre stratégie de conservation et fait l’objet d’un plan de reproduction spécifique et d’un programme de soins vétérinaires et zoologiques avec des techniques spécifiques telles que l’enrichissement permettant ainsi de stimuler et de préserver l’instinct naturel de ces animaux.
Comme vous le savez, ces animaux ont disparu des montagnes de l’Atlas au début du siècle dernier. Le dernier spécimen a été aperçu en 1942 près de Tizi n’Tichka au Maroc. Cela nous met devant le devoir de préserver notre collection de ces animaux emblématiques du Maroc et de mieux connaître l’espèce et ses spécificités afin de mieux répondre à ses besoins. Cela passe non seulement par la conservation mais aussi par des études et programmes de recherche scientifique avec les institutions nationales et internationales et par la diffusion des connaissances autour de ce patrimoine, dont le Maroc est le dernier garant, puisqu’il préserve le plus grand groupe au monde de ces animaux.
De février jusqu’en mai 2023, le zoo de Rabat abrite, en collaboration avec le ministère de la culture, une exposition de fossiles de lions qui remontent à 110.000 ans et qui ont été retrouvés dans la grotte de Bizmoune, près d’Essaouira. Cette exposition est ouverte gratuitement au public.

Selon vous, comment le zoo peut-il contribuer à sensibiliser les enfants et les générations à venir au respect de la nature et des animaux ?
Le Jardin Zoologique National de Rabat axe sa stratégie d’éducation sur la sensibilisation du jeune public au respect de la nature de différentes manières, notamment par :
– Les programmes éducatifs et en particulier les visites guidées, les ateliers et les expositions interactives, qui aident à renforcer leur compréhension de leur environnement et le respect des animaux en tant qu’êtres vivants qui remplissent un rôle important dans les équilibres des écosystèmes naturels.
– Les expériences en direct, où les enfants peuvent avoir l’opportunité de voir des animaux en direct et d’apprendre davantage sur leur comportement, leur biologie, leur habitat et leurs habitudes alimentaires, renforçant ainsi leur connexion avec la nature.

«Des projets d’acquisition d’animaux sont en cours pour les guépards, les caracals et les hyènes».

A cet égard, il y a lieu de signaler que le zoo reçoit jusqu’à 3.000 écoliers par mois durant l’année scolaire et travaille avec des institutions pédagogiques pour élargir le champ des connaissances sur la faune sauvage, et pour une meilleure compréhension des espèces animales, notamment celles éteintes dans la nature ou menacées d’extinction.

Quelles sont les mesures prises pour gérer les pensionnaires en fin de vie?
Au-delà de sa mission de divertissement, le premier souci dans une institution zoologique de la dimension du Jardin Zoologique de Rabat est d’assurer le bien-être de ses pensionnaires, notamment dans un contexte qui préfigure d’un décès.
A ce sujet, il est essentiel pour l’équipe vétérinaire et technique d’apporter les soins nécessaires à ces animaux pour atténuer la douleur et améliorer leur qualité de vie. Cela passe, en premier lieu, par l’amélioration de l’environnement de ces animaux en offrant des habitats paisibles pour leur fin de vie et par l’apport de soins spécifiques à leur condition.
Toutefois, dans certaines situations et lorsqu’il n’y a aucun moyen de soulager la douleur de l’animal, une euthanasie peut être envisagée par nos vétérinaires pour mettre fin à ses souffrances. Ces pratiques ne sont autorisées qu’exceptionnellement et ne se sont produites que très rarement durant ces onze dernières années au Jardin Zoologique national de Rabat.

Quels sont les nouveautés et les projets du Jardin Zoologique de Rabat pour 2023 ? Y aura-t-il de nouvelles races d’animaux sauvages qui rejoindront le zoo dans les années à venir ?
Le plan de collection animale du JZN prévoit en 2023 la consolidation du programme de reproduction des espèces endémiques, telles que le lion de l’Atlas, l’Ibis chauve, le fennec, etc.
En ce qui concerne l’enrichissement de la collection animale, le Jardin Zoologique National de Rabat prospecte en permanence auprès des institutions spécialisées des espèces africaines à grand intérêt de conservation afin de les acquérir par le biais d’échanges. Des projets d’acquisition d’animaux sont en cours pour les guépards, les caracals et les hyènes. Les délais de réalisation dépendent de la finalisation des formalités administratives et sanitaires et de la disponibilité de ces animaux, qui se font de plus en plus rares à l’échelle internationale.