Les larmes aux yeux, Ahmed H se tient au box des accusés. Rarement un accusé a pleuré de chaudes larmes devant les magistrats et l’assistance. Pourquoi autant de larmes et de sanglots? Regrette-t-il son acte abject ?
Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Tee-shirt rouge et pantalon bleu jeans, l’accusé n’arrive pas à se calmer. Le président lui explique qu’il est trop tard pour regretter son acte, que l’irréversible a été commis et rien ne peut changer cet état des faits aujourd’hui.
Ahmed a tué sa bien-aimée, Samira. Certes, selon ses déclarations devant la Cour, il n’avait pas l’intention de la liquider. Mais, l’irréparable a été produit lors d’un moment de grande colère entre les deux amoureux. En fait, leur relation remonte à plus de deux ans, quand ils se sont rencontrés, la première fois, à la plage des «Sablettes» à Mohammedia. Echange de regards, souries, petit à petit, ils ont fini par se parler. Et ils ont commencé une relation qui s’est soldée par une idylle amoureuse et des moments d’intimité. «J’avais l’intention de l’épouser. Je l’aimais, M. le président», explique Ahmed au président de la Cour qui lui a demandé s’il l’avait demandée en mariage. Il a même déclaré aux éléments de la police judiciaire lors de son interrogatoire qu’il n’avait pas l’intention de la tuer, mais il lui a donné quelques coups de poing à un moment où il avait perdu tout contrôle de lui-même.
N’ayant pas les moyens pour l’épouser, Ahmed a demandé à Samira d’attendre pour quelque temps. Entre-temps, un proche l’a demandée en mariage et sa famille a accepté. «Elle m’a expliqué qu’elle ne pouvait pas rejeter la décision de ses parents», précise-t-il à la Cour. Samira, âgée de 28 ans, semblait n’avoir plus confiance en lui surtout qu’il n’a pris aucune initiative pour la convaincre qu’il avait l’intention de s’unir à elle pour le reste de sa vie. En fait, la faute de Samira est qu’elle n’a pas pu mettre fin à sa relation avec Ahmed qui l’a invitée la dernière fois à passer ensemble un moment.
Chez lui, il lui a demandé une fois encore de refuser son prétendant au mariage. Mais en vain. Elle lui a répondu qu’il s’agit là d’une décision de la famille qu’elle ne pouvait pas rejeter. Hors de lui, il lui a asséné quelques coups de poing.
Samira est tombée par terre. Sa tête saignait et elle avait perdu connaissance. Quelques minutes plus tard, elle est passée de vie à trépas.
Verdict : 10 ans de réclusion criminelle.
