Il semble avoir rejeté derrière son dos toutes les valeurs humaines. Car ce père incestueux n’a rien à voir avec cette dimension affective de la parenté.
Encore mineure, avec son ventre ballonné, elle traîne ses pas à la salle d’audience réservée pour l’examen des affaires criminelles à la Cour d’appel de Settat. Appelée par le président de la Cour, elle quitte les bancs de l’assistance pour s’approcher des trois magistrats. Sa mère qui la soutient et l’épaule, depuis l’éclatement de l’affaire, à la mi-avril de l’année en cours, la suit puisqu’elle doit légalement être en sa compagnie vu que la victime est encore mineure. Son père se tient déjà au box des accusés. Âgé de quarante-sept ans, il semble avoir rejeté derrière son dos toutes les valeurs humaines. Car ce père incestueux n’a rien avec cette dimension affective de la parenté. Comment pouvait-il croiser ses regards avec ceux de sa fille qui se tenait devant lui tout en attendant que les juges entament l’examen de son affaire ? Comment a-t-il pu arriver à entendre les témoignages de sa fille âgée à peine de treize ans qui portait son fœtus ? Sans aucun doute, peu importe pour lui qu’elle raconte le calvaire qu’elle a enduré durant quatre ans.
C’est du moins ce qu’elle a déclaré devant la Cour. Elle a précisé qu’elle se souvient de la première fois, lorsqu’elle était encore à la 3ème année de l’enseignement fondamental. Elle avait neuf ans et elle était chez elle, à Ben Ahmed relevant de la préfecture de Settat, lorsqu’elle a été obligée, la première fois, par son père de lui céder. Elle n’en a pas cru ni ses oreilles, ni ses yeux. Elle se demandait même si ce monstre qui était devant elle était vraiment son père. Contre son gré, il l’a déshabillée et abusé d’elle sexuellement. Il lui a expliqué qu’il s’agit d’un acte normal entre un père et sa fille tout en lui demandant de garder le secret.
Ainsi, à chaque fois que sa mère n’était pas chez elle, son père profitait de son petit corps. Et ce qui devait arriver arriva. La fille est tombée enceinte et son ventre s’est ballonné au fil des jours. Cela ne pouvait échapper à sa mère. Une plainte a été portée, le lundi 17 avril, et le père a été arrêté par les gendarmes. Soumis aux interrogatoires, ce boucher qui a passé plusieurs années en Libye a avoué son crime tout en précisant, sans rougir, qu’il ne touchait sa partie intime que superficiellement. Ne se rend-il pas compte que l’enfant que sa fille mettra au monde sera en même temps son propre fils et son petit-fils, et fils et demi-frère de sa fille ?
Verdict : Ce père de famille incestueux a été condamné à dix ans de réclusion criminelle assortie des dommages et intérêts de l’ordre de 90 mille dirhams.
