Il se dit innocent, dès la première seconde de son interrogatoire par le président de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.
À chaque fois que ce dernier lui posait une question, il lui répondait qu’il n’y était pour rien, qu’il était innocent, qu’il s’agissait d’un coup monté et qu’il n’était pas en compagnie de la victime. Dès que le président de la Cour, assisté par deux assesseurs, lui a rappelé l’accusation qui portait sur l’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens doublé de viol contre sa maîtresse, l’accusé n’avait que deux phrases qu’il répétait inlassablement: «Je n’ai tué personne. Je ne l’ai pas vue depuis deux jours».
Est-ce qu’il dit la vérité ? Les témoins, ses voisins du quartier, qui sont au nombre de trois, affirment que ce sont là des mensonges. Ils sont tous d’accord qu’il était en sa compagnie chez elle quand ils ont entendu un cri strident vers 3 h du matin qui provenait du domicile de la défunte. Mais aucun voisin n’est sorti de chez lui pour savoir ce qui se passait ou pour intervenir. C’est vers midi que le mis en cause s’est présenté au commissariat de police pour confier à un policier qu’il venait de découvrir sa maîtresse, L. N, trente-et-un ans, corps sans âme.
Qui l’a tuée ? Il s’est disculpé tout en expliquant qu’il a téléphoné, le matin, à sa maîtresse. Ne répondant pas à ses appels, il s’est rendu chez elle. Et c’était la mauvaise surprise pour lui, a-t-il ajouté à la police. Seulement, les enquêteurs n’ont pas cru à ses paroles. Surtout qu’il a affirmé ne pas l’avoir vue depuis deux jours contrairement aux voisins qui ont attesté l’avoir vu la veille en compagnie de la défunte.
Au fil des questions, il a fini par cracher le morceau. Il a avoué, selon les documents du procès-verbal, qu’il a décidé de la liquider dès qu’il a appris qu’elle le trompait avec son ami. Celui-ci, selon le PV, a précisé n’avoir jamais eu de relation avec la défunte, mais juste qu’il la croisait de temps en temps au quartier. Toujours selon le PV, le mis en cause a avoué devant les enquêteurs qu’il s’est rendu, le jour «J», chez elle.
Tous deux ont pris quelques verres de whisky avant qu’il lui reproche de l’avoir trompé. Au bout d’un moment, la discussion tourne à la dispute, puis on en vient aux mains. Le jeune amant, M. S, âgé de trente-neuf ans, employé, célibataire, ne se contrôlait plus. Il lui plante trois coups de couteau avant de partir.
Une version des faits consignés dans le PV, mais qu’il a niés devant la Cour. Seulement, au tribunal, personne ne l’a cru. On l’a jugé coupable et condamné à 12 ans de réclusion criminelle.