Affolée à l’idée de perdre son bien-aimé, elle a commis l’irréparable. Un énième crime passionnel. L’affaire vient d’être jugée à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.
Son regard hagard balaie la salle d’audience, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, dès qu’elle y met les pieds, entourée de deux policiers. Agée de trente-deux ans, elle n’a jamais imaginé être dans une situation pareille. Elle se rend compte maintenant que la jalousie l’a emporté sur le bon sens.
Portant une djellaba de couleur turquoise et un foulard vert, elle donne l’impression qu’elle est en bonne humeur. Mais en vérité elle est plongée dans un océan de tristesse.
« Je l’aimais… », balbutie-t-elle devant les trois magistrats de la Cour.
Elle croyait qu’il allait l’abandonner. Qui lui a collé cette idée à la tête ? Personne, affirme-t-elle tout en précisant que l’idée qu’il allait l’abandonner pour une autre fille la traumatisait aussi bien de jour que de nuit.
En effet, leur relation remonte à trois ans, lorsqu’il a engagé avec elle une conversation via Facebook. Il a pris l’initiative de lui envoyer un petit mot.
«Nous avons uniquement échangé les salutations », explique-t-elle à la Cour.
Depuis, ils abordaient plusieurs sujets pour finir par se donner rendez-vous. Effectivement ils se sont rencontrés. Leur relation s’est développée rapidement pour qu’ils se retrouvent, quelques jours plus tard, sur le même lit.
«Il m’a promis de ne me jamais quitter et qu’il allait me demander en mariage», raconte-t-elle.
Mais au fil du temps elle a senti qu’il avait une autre relation amoureuse, elle en était même certaine, précise-t-elle aux magistrats
Selon le dossier de l’affaire, elle l’a surpris, deux fois, en compagnie d’une jeune femme qu’il a présentée comme sa cousine.
«Mais mon intuition ne me trompe pas, dit-elle, c’est sa maîtresse».
Toujours selon ses déclarations consignées dans le procès-verbal de son audition, elle lui a demandé des explications sur cette relation, elle ne recevait qu’une seule réponse, à savoir qu’elle est sa cousine et qu’il l’aide à avoir des documents administratifs. Rongée par la jalousie, elle avait une idée fixe, à savoir qu’il allait bientôt l’abandonner. Elle ne croyait plus à sa confession d’amour. Car, à chaque fois qu’elle lui demandait de se présenter devant sa famille et la demander en mariage, il lui répondait qu’il n’était matériellement pas prêt. Un prétexte qu’elle ne prenait plus au sérieux.
«J’avais trente-et-un ans et il en avait trente-huit… qu’est-ce qu’il attendait ?», se désole-t-elle.
A la Cour, elle explique que le jour du crime, elle l’a rencontré dans la rue pour lui demander de prendre l’initiative d’aller chez ses parents. Car, elle n’a plus la patience d’attendre plus.
«Oui, je portais un couteau», avoue-t-elle à la Cour. Bref, elle avait l’intention de le tuer.
Dès qu’il lui a répondu qu’il n’envisageait pas de la demander en mariage, elle lui a asséné un coup au cou et un second à la poitrine. Elle a été immobilisée par les badauds jusqu’à l’arrivée de la police. Gravement blessée, la victime a été évacuée vers le service des urgences de l’hôpital Averroès. Une douzaine d’heures plus tard, elle a rendu l’âme.
«Je regrette mon acte», dit-elle en guise de dernier mot devant la Cour qui s’est retirée pour délibérer sur l’affaire.
Jugée coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, cette jeune femme a néanmoins bénéficié des circonstances atténuantes. Verdict : quinze ans de réclusion criminelle.