Rancune
Chassé de la beuverie par son compagnon, il a fait semblant d’oublier l’humiliation qu’il a ressentie mais en fait il préparait sa vengeance.
«J’étais dans un état d’ivresse au point que je ne me souviens de rien, M. le président», justifie ce jeune mis en cause son acte qui a coûté la vie à un jeune homme. Ignore-t-il qu’aucun crime, ni délit, quel que soit son niveau de gravité, ne se justifie par l’ivresse ? Et pourtant, à chaque question posée par le président de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, sa réponse était : «J’étais ivre». Toutefois, les témoins, notamment le veilleur de nuit qui semble avoir assisté à la bagarre dès le début, confirment que le mis en cause voulait mettre fin aux jours de son ami. Le Parquet général est également convaincu qu’il a commis intentionnellement son crime. C’est la raison pour laquelle il a maintenu contre lui l’accusation d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens.
En effet, selon le procès-verbal de l’audition du mis en cause, ce dernier est âgé de vingt-huit ans, repris de justice de son état puisqu’il a déjà purgé deux peines d’emprisonnement pour agression, une de deux mois et la seconde d’une douzaine de mois.
Selon ses déclarations consignées dans le procès-verbal, le mis en cause était sous l’effet de boissons alcoolisées lorsqu’il a rencontré son ami qui lui a proposé de boire ensemble quelques verres de vin rouge. Il a accepté. Et il a recommencé à s’enivrer en compagnie de son ami et ce jusqu’au moment où un malentendu a éclaté entre eux à propos d’une cigarette. En effet, toujours selon les déclarations du mis en cause consignées dans le PV, son ami qui disposait d’un paquet de cigarettes s’est abstenu de lui en donner une.
Enervé, il lui a asséné un coup de poing tout en le chassant l’empêchant de continuer de boire en sa compagnie. Profondément humilié, il est retourné chez lui faisant semblant comme si rien ne s’est passé. Mais le lendemain soir, il lui a téléphoné pour lui demander de le rejoindre pour prendre ensemble un verre. Effectivement il a acheté quelques bières et tous les deux ont commencé à s’enivrer. Vers 4h du matin, lorsque les têtes ont bien tourné, le mis en cause lui a asséné deux coups de couteau à la poitrine. Il a rendu l’âme à l’hôpital.
Arrêté, il a avoué son crime devant les enquêteurs, mais il l’a nié devant la Cour qui l’a jugé coupable et l’a condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle.