A Casablanca, un simple reproche se transforme en tragédie sanglante

A Hay Moulay Rachid à Casablanca, la routine d’un soir ordinaire a brusquement basculé dans l’horreur. Ce qui n’était au départ qu’une banale dispute entre deux jeunes du voisinage s’est transformé en un drame familial irréversible.

Nous sommes à Hay Moulay Rachid, à Casablanca, un quartier populaire où s’entasse tous les maux de la société. Le soir tombe, ce mardi 12 août, alors que les cris des enfants se mêlent encore aux échos des marchands ambulants. Tout semble être normal dans ce quartier dense qui se situe au sud-est du centre de la capitale économique. Seulement, les voix qui proviennent d’une ruelle semblent loin d’être d’un match du football ou d’un jeu des enfants, ni de la vie ordinaire, mais celles d’une bagarre entre deux jeunes hommes. Très en colère, ils n’arrivent pas à se calmer. C’est alors qu’un homme prend l’initiative et s’avance vers les deux protagonistes afin de ramener un peu de raison pour empêcher leur rage de s’exploser. Cet homme n’est pas un simple voisin, ni un simple passant ou un curieux. Mais il est l’oncle de l’un des deux rivaux.

Il s’adresse directement à son neveu, lui parle avec fermeté, lui demande de se calmer et de rentrer chez lui. L’oncle tente d’empêcher son neveu d’aller vers l’irréparable. Malheureusement, les mots qui doivent apaiser deviennent des étincelles. Le neveu ne veut plus que son oncle intervient, le sollicite de partir, de le laisser face-à-face avec son rival. En fait la colère du neveu se déplace ; elle n’est plus contre son adversaire, mais contre son oncle.

Ce dernier n’arrive pas également à tenir ses nerfs. Ses conseils laissent la place aux mots blessants. Les curieux s’attroupent autour d’eux, tentent de les calmer. En vain. Personne ne croit ses yeux, même le rival du neveu qui se plante enfin devant la scène. Les insultes fusent des bouches de l’oncle et son neveu. Et dans un accès de fureur, l’oncle met la main dans sa poche, en ressort un couteau et d’un mouvement sec, il frappe son neveu en pleine poitrine. Le jeune homme s’écroule, gisant dans une mare de sang. Les curieux essaient de comprendre ce qui s’est produit en une seconde. La course contre la mort s’engage aussitôt.

Les badauds courent, crient, essaient de sauver la vie du jeune homme. Un automobiliste prend l’initiative, met sa voiture à la disposition des proches du jeune homme blessé. A toute allure, il le conduit au service des urgences de l’hôpital provincial Moulay Rachid. Mais en y arrivant, l’espoir qu’il reste en vie s’éteint rapidement. Il succombe à sa blessure. La nouvelle tombe comme un couperet. Pendant ce temps, l’oncle prend la fuite. Et les éléments de la police judiciaire relevant du district de la sûreté de Moulay Rachid quadrillent déjà le quartier. Epaulés par les indicateurs et les informateurs, ils interrogent les témoins et suivent les pistes. La traque dure des heures, jusqu’à ce qu’une information fiable leur indique sa cachette. Mercredi 13 août, vers l’aube, il tombe dans les filets des enquêteurs.

Au commissariat de police, il se tient devant les enquêteurs de la police judiciaire. Figé dans un silence lourd comme s’il n’arrive pas encore à croire qu’il a commis un crime de meurtre, qu’il a tué celui qu’il a tenté d’empêcher d’aller produire l’irréparable, son neveu.