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À Safi, une cinquième victime de «la boucherie conjugale»

© D.R

Nous sommes dans une ruelle du quartier Saniat Zine El Âbidine, à Safi. Les badauds se sont attroupés, le matin de ce vendredi 25 décembre 2009, devant la porte de la demeure de Mustapha, âgé de soixante-neuf ans et son épouse, Souâd, âgée de quarante ans. Pourquoi ? Chez eux, une bonbonne de gaz a explosé, la veille, jeudi. En fait, il n’y avait que Souâd à la maison. Lui, il n’a pas passé la nuit chez lui. Et les enfants ? Contrairement à son épouse qui n’a jamais mis d’enfants au monde, Mustapha en a eu avec sa première femme, décédée, depuis quelques années. Mais chacun d’eux est arrivé à fonder son propre foyer.
Les policiers qui se sont dépêchés sur les lieux étaient préoccupés par les investigations nécessaires pour tirer l’affaire au clair, après l’évacuation du cadavre vers la morgue. Mustapha est arrivé. Il semblait qu’il n’était pas au courant de ce qui est arrivé à son foyer détruit et de sa femme décédée. Tout le monde a remarqué qu’il ne manifestait aucun sentiment de douleur, ni de tristesse. Serein et silencieux, il écoutait ce que lui racontaient ses voisins et les femmes qui sanglotaient. Un comportement bizarre qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Surtout qu’ils ont déjà remarqué que le robinet de verrouillage de la bonbonne de gaz qui a explosé était déverrouillé. L’avait-elle laissé ouvert ? Son mari, réparateur de réfrigérateurs, disposant d’un local au rez-de-chaussée de sa demeure n’avait pas de réponse puisqu’il n’a pas passé la nuit chez lui. Et où l’a-t-il passée? Il n’a pas donné de réponse convaincante aux enquêteurs. Ce qui a réveillé leurs soupçons. Les investigations se sont intensifiées pour avoir une réponse qui tranche s’il s’agit d’un accident ou d’un crime. Scientifiquement, il s’agissait d’un crime et non d’un accident. Mustapha a été soumis aux interrogatoires. Sans résultat. Il clamait son innocence. Mais, le sixième sens et le professionnalisme des enquêteurs les ont poussés à le soumettre à des interrogatoires serrés. Et il a fini par cracher le morceau. C’est bel et bien lui le mis en cause. Le mobile?
D’abord, Souâd était sa cliente depuis belle lurette. Quand sa femme a rendu l’âme, il lui a proposé le mariage. Il s’est présenté à sa famille et ils ont convolé en justes noces. Tous deux sous le même toit, ils ont entamé une belle vie, mais qui s’est terminée en un drame conjugal.
Diabétique, il a suivi un traitement à l’insuline. Au fil du temps, il est devenu impuissant sexuel au point qu’il ne pouvait plus satisfaire les besoins de sa femme. Il remarquait qu’elle sortait souvent, sans savoir sa destination précise, et retournait tardivement chez elle sans lui justifier son absence. Un comportement qui l’a jeté dans le monde des soupçons. Il l’accusait d’infidélité ! Devait-elle être fidèle à un mari impuissant sexuel ? Si c’était elle qui a perdu sa libido, serait-il resté fidèle à elle ? Pourquoi n’a-t-il pas choisi la séparation en la répudiant au lieu de la tuer ? Il semble qu’il est égoïste au point qu’il n’imaginait pas de divorcer pour qu’elle entretienne une relation avec un autre homme. La solution ? La tuer.
Quand elle est retournée chez elle tardivement, ce jeudi 24 décembre, vers 22 h 30, elle s’est plongée dans un profond sommeil. Mustapha a pris la bonbonne de gaz qui était dans la cuisine et l’a déposée dans la chambre à coucher avant de déverrouiller son robinet de sécurité et il a quitté son domicile à bord de sa bicyclette. Et voilà la liste des épouses, victimes de «la boucherie conjugale», qui s’alourdit pour qu’elles soient cinq épouses tuées en onze jours, à Marrakech, Safi, Beni Ansar et Fès.

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