«C’est odieux, odieux, odieux». Odieux c’est le seul mot utilisé par Najia Adib, présidente de l’association «Touche pas à mes enfants» pour exprimer son indignation après le viol doublé de meurtre de la petite fille, Chaymae, âgée de sept ans, dans la ville de Fès. Nous sommes le samedi 24 juillet. À Hay Âouinate El Hajjaj, à Fès, Hafida est sortie, vers 21 h, de chez elle, en compagnie de son mari, Rachid, pour chercher sa fille, Chaymae. Celle-ci jouait avec des filles du quartier, mais elle n’est pas retournée au domicile. Où devait-elle partir ? Sa mère ne savait rien. Chaymae est le fruit d’un premier mariage de Hafida. C’était en 2003 que celle-ci, âgée de trente ans, s’est mariée avec son premier époux. Une année plus tard, elle a été répudiée alors qu’elle était enceinte de neuf mois. C’est chez sa mère qui demeure au quartier Bensouda qu’elle a mis Chaymae au monde. En fait, Hafida, couturière de son état, n’est pas restée les mains croisées à attendre la pension alimentaire que son ex-mari doit verser au moins à sa belle et charmante fillette. Elle a commencé à gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa fillette en travaillant dans une unité de confection. Au fil du temps, elle a entretenu une relation amoureuse avec Rachid. Maçon de son état, il est issu de la ville de Mechra Bel Ksiri, de la région du Gharb-Chrarda-Beni Hssen, province de Kénitra et a rejoint Fès depuis des années pour y gagner sa vie. En fait, la relation entre Hafida et Rachid s’est développée au fil des jours au point qu’ils ont décidé de se marier. En août 2009, ils se sont retrouvés sous le même toit au quartier Âouinate El Hajjaj, l’un des quartiers populaires très chauds de la ville de Fès. Au foyer conjugal, Hafida n’a pas emmené avec elle sa fille, Chaymae, qui a été prise en charge par sa grand-mère. En septembre 2009, Chaymae a rejoint les enfants de son âge à l’école Al Farabi pour entamer les études à la première année d’enseignement fondamental. En avril dernier, Hafida a mis au monde sa deuxième fille, Doha. Chaymae était pleine de joie d’avoir une sœur. Elle venait de temps en temps la voir en compagnie de sa grand-mère. L’année scolaire a pris fin. Et Chaymae a réussi. Elle sera, la prochaine année scolaire, en deuxième année du primaire. Sa mère a décidé qu’elle passe, en sa compagnie, au quartier Âouinate El Hajjaj, quelques jours de ses vacances. Elle a appelé sa mère, le matin de ce samedi 24 juillet, pour la solliciter de lui ramener Chaymae. Ce n’est que vers l’après-midi que Chaymae conduite par sa grand-mère a rejoint sa mère. Entre-temps, elle est sortie pour jouer avec quelques filles. Mais, elle n’a plus donné signe de vie. A-t-elle été kidnappée ? Rachid, son beau-père, a commencé à la chercher partout. Il est même allé au commissariat de police qui assurait la permanence, la photo d’identité de Chaymae à la main, pour déposer une demande de recherche d’un disparu au profit de la famille. Le lendemain, dimanche, le cadavre de la fillette a été découvert, dans un terrain vague jouxtant un lotissement en chantier sur la route de Sefrou, loin de deux kilomètres du quartier Âouinate El Hajjaj. Le cou, la poitrine et la partie intime de Chaymae présentaient des traces de violence. Le rapport de l’autopsie atteste qu’elle a été violée avant d’être étouffée. Qui l’a violée avant de la tuer en l’étouffant ? Une fillette qui jouait avec elle a révélé aux enquêteurs que Chaymae a accompagné un homme qu’elle appelait « papa ». Chaymae n’appelait « papa » que son beau-père, Rachid. Arrêté chez lui, lundi dernier, celui-ci a avoué être l’auteur du viol et de meurtre de la victime. Alors que la fille Chaymae a été enterrée le même jour au cimetière.