Agent de sécurité le jour, dangereux pervers sexuel la nuit

Cyber-pédophilie
Derrière son uniforme d’agent de sécurité à Fès, il mène une double vie sur TikTok. Démasqué après la plainte d’un père, il a été condamné à cinq ans de prison ferme.

Pendant le jour, il porte un uniforme d’agent de sécurité dans un cabinet de médecin à Fès. Tous les patients le connaissent comme un jeune homme sérieux, discret, presque effacé. Mais quand la nuit tombe, derrière la porte fermée de son modeste appartement du quartier Narjis, à Fès, il change de visage. Sur TikTok, il s’est inventé un autre personnage, caché derrière le pseudonyme provocateur de «Fahl Fassi Skhoun (Étalon fassi chaud)».

Au début, son activité paraissait presque anodine : quelques «likes» distribués çà et là, des commentaires légers sous des vidéos de danse ou de musique. Mais très vite, il commence à écrire à des adolescents, à se faire passer pour l’un d’entre eux. Il imite leur langage, reprend leurs expressions, suit leurs tendances. Il veut se fondre dans leur univers et cela marche bien pour lui. Avec deux téléphones portables toujours à portée de main, il mène une double vie. L’un sert au travail, à la lumière du jour, l’autre appartient à la nuit en secret. Dans les toilettes de son domicile, il envoie des images obscènes qu’il récupère en ligne.

Puis il passe à un point de non-retour, il prend une photo de son organe sexuel. Il l’envoie à des mineurs. A l’autre bout de l’écran, deux frères de douze et quatorze ans se sont d’abord amusés avec lui. Mais les échanges deviennent de plus en plus dérangeants au fil des jours. Les émoticônes et les mots codés laissent place à des images trop obscènes. La honte et la peur les poussent au silence. C’est leur père qui, en tombant par hasard sur le téléphone portable oublié dans le salon, qui découvre la vérité. Il conduit immédiatement ses fils au commissariat de police et dépose une plainte. L’affaire arrive vite sur le bureau de la Brigade de lutte contre la cybercriminalité de Rabat. Les enquêteurs ont déjà entendu parler du pseudonyme «Fahl Fassi Skhoun». Le compte avait été signalé à plusieurs reprises et supprimé par TikTok.

Mais l’homme, sûr de son anonymat, avait commis une erreur de débutant, à savoir recréer aussitôt un nouveau compte avec le même pseudo. La demande officielle envoyée à TikTok livre les informations techniques nécessaires. Derrière l’adresse IP, une localisation claire apparut. Il s’agit d’un appartement du quartier Narjis, à Fès. Les limiers se rendent chez lui, le matin tôt, l’arrêtent et le conduisent à Rabat. Ses deux téléphones portables sont saisis. L’analyse des appareils révèle des images et des vidéos explicites envoyées à plusieurs mineurs. Parmi elles, les preuves de son échange avec les deux frères. Confronté à la réalité, il ne peut nier.

Il parle de solitude, de pulsions incontrôlables et insiste sur le fait qu’il n’a jamais touché un enfant. Au fil des investigations, le dossier s’alourdit de trois autres victimes mentionnées par le Centre national pour les enfants disparus.
Verdict : La chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Rabat le condamne à cinq ans de prison ferme.