Le viol est incontestablement l’un des plus monstrueux crimes contre l’être humain. Laïla a lu des dizaines d’histoires dramatiques de viol dans les colonnes des journaux. Toutefois, elle n’a jamais pensé être un jour l’une des victimes. Agressée et violée sous la menace du couteau, par deux jeunes délinquants, la jeune fille n’est pas encore prête à oublier son expérience douloureuse.
Ce jour du mois d’avril 2006, les violeurs comparaissaient devant la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d’appel de Casablanca. Ce jour-là, les deux jeunes hommes étaient au banc des accusés parmi d’autres mis en cause. Le président de la Cour leur a ordonné d’avancer.
Ils traînaient le pas tout en fixant du regard leur victime. Laïla qui se tenait devant les magistrats de la Cour a baissé ses yeux.
« Vous êtes accusés de viol sous la menace de l’arme blanche », lance le président de la Cour, en s’adressant aux deux mis en cause qui semblaient ne pas regretter leur acte criminel.
Samir, vingt-trois ans, a quitté tôt les bancs de l’école, au niveau primaire pour s’engager dans la voie périlleuse de la délinquance. Il s’adonnait à la drogue. Il a purgé deux peines d’emprisonnement. La première fois, il a été condamné à six mois de prison ferme pour trafic de drogue. Ses agissements lui ont valu une deuxième condamnation d’emprisonnement d’un an et demi pour complicité au vol qualifié, coups et blessures. Quant à Abdellah, son aîné de trois ans, qui est né dans un douar de la région d’El Jadida, n’a jamais mis les pieds à l’école. Analphabète, il est resté à son douar jusqu’à l’âge de l’adolescence. Après quoi, il s’est installé chez sa tante au quartier Sidi Othmane, à Casablanca. Au lieu de chercher un emploi et gagner sa vie honnêtement, il a rejoint une bande de délinquants. Comme Samir, il a été emprisonné à deux reprises pour consommation de drogue et pour vol simple. Après avoir purgé une peine de deux mois de prison ferme, il n’est pas rentré chez lui. Il alla chercher refuge dans les rues. Devenu SDF, il errait, dans les rues, sans but. Un jour, Samir et Abdellah se sont rencontrés par hasard au café Slavia, situé au centre-ville. Devenus amis, ils passaient leur temps à se droguer, à picoler et à agresser leurs victimes.
Un jour, ils ont remarqué Laïla marcher seule dans une ruelle au quartier Sidi Othmane.
Ce jour-là, ils visitaient la tante d’Abdellah. En sortant, ils ont avalé quelques comprimés psychotropes avant de prendre le bus. Seulement en croisant la jeune Laïla, âgée de vingt-six ans, ils ont changé de direction.
Ils l’ont guettée pendant quelques minutes. Près d’un endroit plus ou moins désert, ils l’ont abordée. Ils lui ont demandé de ne pas résister et de les accompagner gentiment. Elle a commencé à crier secours. Mais en vain. Les deux jeunes toxicomanes ont brandi leurs couteaux et l’ont menacée. Laïla n’avait plus de choix. Elle a cédé. Ils l’ont conduite vers un lieu loin des regards et l’ont obligée de baisser son pantalon. Bien qu’elle les a suppliés de la laisser tranquille, ils l’ont violée à tour de rôle avant de l’abandonner dans un état lamentable.
Laïla a fini par rejoindre sa demeure. Elle raconte toute l’histoire à sa famille, qui dépose une plainte auprès de la police. Les deux violeurs ont été arrêtés. Sans vergogne, ils ont clamé leur innocence devant la Cour. Cette dernière n’a pas cru à leurs déclarations et les a jugés coupable. Ainsi, Samir et son ami ont été condamnés à quatre ans de prison ferme chacun.