Devant la Cour, l’accusée a clamé haut et fort son innocence. «Il s’est suicidé Monsieur le président», a-t-elle affirmé, en tentant de se disculper. A-t-elle dit la vérité ou non? Difficile de trancher. Cependant, tous les indices la mettent en cause, selon le procès-verbal.
Le jour du crime, les policiers ont reçu un appel au secours émanant de cette enseignante du lycée d’Imouzzer Kander. «Au secours, mon mari s’est suicidé», a-t-elle crie aux policiers par téléphone. L’enseignante semblait être sous le choc. Elle avait du mal à trouver les mots pour expliquer ce qui s’est passé. Elle a déclaré que son mari se trouvait seul dans la cuisine après avoir verrouillé la porte. Son époux s’est blessé, selon sa déclaration, à l’aide d’un couteau. Les enquêteurs se sont dépêchés sur le lieu du crime, maison n° 33 au quartier Assaâda à Fès. Quelques minutes plus tard, ils étaient à pied d’œuvre. L’enseignante portait une chemise de nuit. Tremblante d’émotion, elle leur a indiqué la porte de la cuisine.
Les enquêteurs inspectent les lieux. Ils remarquent que tout était en ordre dans l’appartement. Aucun signe de violence ni de taches de sang sur la chemise de nuit de l’enseignante ni sur son corps. A l’intérieur de la cuisine, ils ont trouvé l’homme, étendu sur le côté droit et gisant dans une mare de sang, encore vivant. Et le couteau maculé de sang se trouvait près de sa main droite. Après avoir fouillé partout, ils ont aperçu des taches de sang sur les murs. Le chef de la brigade criminelle se tourne vers l’épouse et lui demande "qu’est-ce qui s’est passé ?" «Avant d’aller se coucher, il m’a dit qu’il a décidé de se suicider.
Parce que sa belle-famille de son premier mariage l’a privé de sa part d’héritage. Sa première femme est décédée il y a quelques mois», a-t-elle affirmé aux enquêteurs. Pourquoi n’a-t-elle pas avisé la police avant qu’il passe à l’acte? Est-elle impliquée dans l’affaire ? Mystère.
Les taches de sang, visibles tout au long de la porte du balcon et de la cuisine, ont mis la puce à l’oreille aux enquêteurs.
A ce moment, le blessé a été transporté à l’hôpital Ghessani pour recevoir les premiers soins. Les enquêteurs poursuivaient leur interrogatoire minutieux avec l’épouse. Celle-ci leur a affirmé que le point de litige avec sa première belle-famille concerne l’héritage.
Quand sa première femme est décédée, sa famille a mis la main sur ses bijoux en or estimés à des millions de centimes sans lui verser sa part du gâteau.
Senti lésé dans son droit et humilié, il a tenté à maintes reprises de se suicider en voulant se jeter du balcon, a souligné l’enseignante lors de son interrogatoire judiciaire. Elle a également déclaré que son état psychique s’est détérioré depuis quelques jours. "Depuis deux jours, il n’a rien mangé", précise-t-elle. Par contre, le frère de la victime a expliqué que son frère est un homme pieux et qui ne peut en aucun cas se donner la mort. Surtout que le suicide est un acte interdit par l’Islam.
Il a ajouté également que sa relation avec sa première belle-famille est bonne. Selon sa déclaration, son frère ne s’entendait pas avec sa nouvelle épouse. Il se plaignait du travail de sa femme, parce qu’il devrait préparer tous les jours le repas et de laver ses propres vêtements.
Onze jours après l’incident, l’homme a rendu l’âme et l’enseignante a été arrêtée. Le rapport de l’autopsie a conclu qu’il s’agit d’un crime et non d’un suicide.
Qui a perpétré ce crime ? L’enseignante s’est disculpée devant le parquet général et même devant le juge d’instruction.
Ce pendant, la Cour a jugé l’enseignante coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Elle l’a condamnée à une peine d’emprisonnement de dix ans. A-t-elle vraiment assassiné son mari ? Bien que le verdict soit prononcé, elle a continué à clamer son innocence.
Pour le moment, elle n’a qu’à attendre la deuxième phase, 2ème degré, de l’examen de son dossier pour se défendre.