Nicolo Rizzuto, parrain présumé de la mafia montréalaise, a été assassiné dans sa résidence mercredi soir, selon la police de la métropole québécoise. Âgé de 86 ans, il pourrait être la dernière victime en date d’une lutte de pouvoir au sein du milieu local du crime organisé. Le porte-parole de la police (SVPM), Daniel Lacoursière, avait initialement déclaré, sans divulguer l’identité de la victime, qu’un octogénaire avait été atteint d’au moins un coup de feu aux environs de 17h40 (23h40 en France, 22h40 GMT), selon La Presse canadienne. Les circonstances entourant le meurtre restent très nébuleuses. Les policiers ont bouclé tout ce secteur du nord de Montréal, reconnu comme le lieu de résidence de plusieurs membres de la mafia locale. Pendant des décennies, le clan Rizzuto, lié à la mafia sicilienne, a érigé tout un empire du crime spécialisé dans le trafic de stupéfiants et de blanchiment d’argent autant au Canada, aux Etats-Unis qu’en Italie. Le commandant Denis Mainville du SPVM a refusé de commenter les raisons qui ont pu motiver l’assassinat du patriarche de la mafia, se limitant à dire qu’aucune hypothèse n’était écartée. «On voit des permutations au niveau du crime organisé (…) Est-ce que c’est (un règlement de comptes) entre différentes factions ou s’agit-il d’un acte ciblé à l’intérieur d’une entité du crime organisé?», s’est-il interrogé. Nicolo Rizzuto aurait été au centre d’une guerre de pouvoir. En mai dernier, son gendre et bras droit Paolo Renda, 70 ans, avait été enlevé à quelques coins de rue de sa résidence. Il n’a jamais été revu depuis. Quelques mois plus-tô t, en décembre 2009, le petit-fils de Nicolo Rizzuto, Nick, pressenti pour lui succéder à la tête de la mafia montréalaise, était abattu. Quant au fils de Nicolo Rizzuto, Vito Rizzuto, il purge une peine de dix ans de prison aux États-Unis pour des meurtres qui remontent à 1981. Sa libération est prévue pour 2012. Nicolo Rizzuto avait des raisons de se sentir menacé, a confirmé le journaliste André Noël, coauteur du livre «Mafia inc», à La Presse canadienne. «Depuis 2004, depuis l’arrestation de Vito Rizzuto, son fils, il y a eu une quarantaine de personnes qui ont été assassinées, enlevées ou qui sont disparues mystérieusement dans la mafia, et principalement dans le clan Rizzuto, à Montréal», a-t-il souligné.