Vêtu d’une chemise et d’un pantalon, tous deux bleu jean, ce jeune homme de trente-deux ans, qui se tient au box des accusés à la salle d’audience, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, poursuivi en état d’arrestation pour homicide volontaire avec guet-apens et préméditation, ne nie pas avoir poignardé son antagoniste, mais tout en rejetant avoir eu l’intention de mettre fin à sa vie.
Et de préciser, avec regret, que les choses ne devaient jamais en arriver là. Ce trentenaire, employé de son état, se soûlait avec son ami, la victime, lorsqu’un malentendu a éclaté entre eux. «Il était mon ami», explique-t-il devant les magistrats de la chambre criminelle tout en précisant qu’il l’a rejoint chez lui, puisqu’il louait une garçonnière, pour passer une soirée arrosée. «Nous étions tous seuls», confirme-t-il. Tout en buvant ils parlaient de tout et de n’importe quoi. «Je ne me souviens pas du sujet qui a mis le défunt hors de lui», explique-t-il. Seulement, dans le procès-verbal on apprend qu’il a déclaré devant les enquêteurs de la police judiciaire qu’il lui aurait parlé de sa maîtresse tout en précisant qu’il n’est pas certain qu’il s’agissait exactement du sujet qui l’a rendu fou furieux. «A un moment donné, il a lancé une bouteille de bière en direction de mon visage». Il n’en fallait pas plus pour qu’il saisisse un couteau et lui donne un coup au niveau du cou. «Sous l’effet de l’alcool mes nerfs ont lâché», ajoute-t-il pour prouver qu’il n’a pas agi avec préméditation ni de guet-apens. Certes, le rapport de l’autopsie a signalé que le cadavre ne présentait qu’une seule blessure au niveau du cou du défunt. Et c’est sur ce point que l’avocat de la défense a insisté pour que la Cour requalifie l’accusation en coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner puisque son client n’a pas nié avoir donné un coup de couteau à son antagoniste. Avant sa plaidoirie, le représentant du ministère public a requis une peine selon la loi. La défense a finalement eu gain de cause. Jugé coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, le mis en cause a été condamné à douze ans de réclusion criminelle.