Elle n’arrive pas à s’exprimer lorsque le président de la Cour, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, lui demande de lui raconter ce qui lui est arrivé. Elle s’obstine à garder le silence tout en fixant sa mère du regard. Elle est encore mineure, à son quinzième printemps. Bref, elle a été détournée par un jeune homme, âgé de vingt-huit ans, qui a abusé sexuellement d’elle. Il n’est autre que son voisin du quartier, à Casablanca. Le président de la Cour insiste pour qu’elle lui réponde. En vain. Au contraire, le mis en cause, journalier de son état, ne se fait pas prier pour parler, même sans la permission de la Cour. Le président ne manque pas de le rappeler à l’ordre.
Il affirme que cette plaignante est tombée amoureuse et lui a proposé d’entretenir une relation. Depuis, elle a commencé à lui rendre visite pour partager le même lit, mais sans aller plus loin, comme il s’est exprimé devant la Cour. Le président lui explique qu’il ne devait pas accepter la proposition de la fille même si elle a pris l’initiative de lui exprimer son amour. Parce qu’elle est mineure, lui précise-t-il. Le mis en cause tente alors d’expliquer à la Cour qu’il lui a juste fait des attouchements. Toutefois dans le procès-verbal, on apprend que l’adolescente avait déclaré aux enquêteurs que le mis en cause lui a demandé la première fois de l’accompagner chez lui pour lui donner un livre. Ayant accepté, elle s’est retrouvée devant un pédophile qui l’a dévêtue avant de commencer à la toucher au niveau de tout son corps y compris ses parties intimes. Après quoi, il lui a donné effectivement un livre. Et depuis, elle a continué à se rendre chez lui pour partager avec lui le même lit.
Après les délibérations, la Cour a jugé le mis en cause coupable de détournement d’une mineure et d’attentat à la pudeur et l’a condamné à quatre ans de prison ferme.
