«Je ne sais pas ce qui m’est arrivé pour commettre ce crime».
C’est avec cette phrase que ce jeune homme de vingt-huit ans répond au président de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca lorsqu’il lui rappelle son accusation, à savoir coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Le mis en cause regrette certes son acte, mais l’irréparable s’est déjà produit. Ce jeune homme qui gagnait sa vie en vendant les cigarettes au détail est déjà père d’un enfant. C’est la raison pour laquelle il s’adresse à la Cour en disant : «Je ne pense maintenant qu’à mon unique enfant». Un enfant que tenait son épouse entre les bras parmi l’assistance. Et le jeune homme de raconter les circonstances de son crime. Il affirme qu’il se tenait sur un tabouret, sa marchandise devant ses regards, lorsque la victime se plante devant lui. Il le reconnaît, c’est un jeune voisin au quartier Sidi Bernoussi, à Casablanca.
Âgé de vingt-et-un ans, célibataire et chômeur de son état, il jouissait d’une mauvaise réputation. Il était sous l’effet de la drogue et de boissons alcoolisées, a précisé le mis en cause lors de son interrogatoire par le président de la Cour. «Il m’a demandé une cigarette, je lui en ai donné une gratuitement», a-t-il précisé. Le jeune drogué, repris de justice pour un délit de vol simple et qui lui a coûté six mois de prison ferme, est parti puis retourné et lui a réclamé une autre cigarette tout en refusant de le payer. Le vendeur a tenté calmement de se débarrasser de lui. Mais en vain. Le jeune drogué a donné un coup de pied au carton sur lequel est posée sa marchandise.
Les cigarettes sont tombées dispersées par terre. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeune drogué a commencé à les piétiner. C’en était trop pour le vendeur de cigarettes. Il saisit un bâton et assène plusieurs coups à la tête du jeune drogué. Celui-ci ne tarde pas à rendre l’âme.
Verdict : Jugé coupable tout en bénéficiant des circonstances atténuantes, il a écopé de huit ans de réclusion criminelle.